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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/89

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dence des gardiens fut trompée, et la Révolution laissa un moment échapper sa proie.


XI

Le roi et la reine, comme à l’ordinaire, admirent à leur coucher les personnes qui avaient l’habitude de leur faire leur cour à cette heure. Ils ne congédièrent pas leur domesticité plus tôt que les autres jours. Mais aussitôt qu’ils furent laissés seuls, ils s’habillèrent de nouveau. Ils revêtirent des costumes de voyage très-simples et conformes au rôle que chacun des fugitifs devait affecter. Ils se réunirent avec Madame Élisabeth et leurs enfants dans la chambre de la reine ; ils gagnèrent de là, par une communication secrète, l’appartement du duc de Villequier, et sortirent du palais par groupes séparés, à un certain intervalle de temps les uns des autres, pour ne pas attirer l’attention des sentinelles des cours par un rassemblement de tant de personnes à la fois. À la faveur du mouvement de gens à pied ou en voiture qui sortaient à cette heure du château, après le coucher du roi, et que M. de Fersen avait eu soin sans doute de multiplier et d’encombrer ce soir-là, ils parvinrent sans avoir été reconnus jusqu’au Carrousel. La reine donnait le bras à un des gardes du corps, et menait Madame Royale par la main. En traversant le Carrousel, elle rencontra M. de La Fayette, suivi d’un ou deux officiers de son état-major, qui entrait aux