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Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/105

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més se ranimaient et palpitaient sous l’herbe, dans cette terre, pour me reconnaître et pour m’attirer dans leur sein. Oh ! qui est-ce qui n’aimerait pas, monsieur, une terre où l’on a déposé son trésor, et qui vous le garde pour la résurrection ?

Une grosse larme roula sans qu’il la sentît sur sa joue. Je vis qu’il y avait un amour dans cet amour ; quelque culte particulier et de l’espérance dans ce culte universel et pieux de la création.

Moi. — Mais, aimant comme vous l’êtes, Claude, cette solitude sans femme, sans enfants, sans voisins sur ces hauteurs, où le vent seul monte avec vous, ne vous attriste-elle pas ?

Lui. — Non, monsieur, bien au contraire je suis triste quand je suis en bas ; je redeviens gai et content dès que je remonte. Les hommes font trop de bruit pour mon faible esprit, qui ne s’entend lui-même que dans le silence ; ce bruit chasse le bon Dieu auprès de moi ; il me semble que je ne suis pas tant dans sa compagnie, quand je suis au milieu des villages. Je crois vraiment que le bon Dieu aime mieux les montagnes.