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Page:Lamartine - Méditations poétiques (édition de 1820).djvu/63

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MÉDIATION NEUVIÈME.

L’ENTHOUSIASME.


Ainsi, quand l’aigle du tonnerre
Enlevoit Ganymède aux cieux,
L’enfant, s’attachant à la terre,
Luttoit contre l’oiseau des dieux ;
Mais entre ses serres rapides
L’aigle pressant ses flancs timides,
L’arrachoit aux champs paternels ;
Et, sourd à la voix qui l’implore,
Il le jetoit, tremblant encore,
Jusques aux pieds des immortels.

Ainsi quand tu fonds sur mon ame,
Enthousiasme, aigle vainqueur,
Au bruit de tes ailes de flamme
Je frémis d’une sainte horreur ;
Je me débats sous ta puissance,
Je fuis, je crains que ta présence
N’anéantisse un cœur mortel,