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Page:Lambert - Le Mandarin.pdf/101

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LE MANDARIN.

que je marche encore si vous m’affirmez que le précipice est au bout du chemin ? Sacrifierai-je aussi volontiers ma vie a une noble cause, si je crois que la mort est sans résurrection ?

— Toutes ces tendances, reprit le descendant de Koung-Tseu, sont dans l’humanité et non au dessus ni autour ; le bien et le vrai naissent avec l’homme, et l’homme arrive à les formuler en préceptes de morale. Rien de moins divin que tout cela. On peut suivre historiquement la formation des Évangiles. Les religions n’ont apporté en Chine que le signal de luttes sanglantes et stériles ; il en doit être ainsi ailleurs… Qu’on s’entende sur les seules questions de morale, et tous les peuples seront d’accord, et les hommes de toutes couleurs seront vraiment frères. Arrivé au même degré de civilisation, tous les peuples possèdent le même instinct du beau et du vrai !

— La morale humaine a toujours été insuffisante pour attirer et attacher les consciences hésitantes ou envieuses, reprit Durand. Une proposition démontrée ne saurait préoccuper