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Page:Lambert - Le Mandarin.pdf/212

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LE MANDARIN.

grecques, mais cela ne me suffit pas, ou plutôt cela m’impatiente. Dénaturer la langue des dieux, et mettre à toute sauce les mots que prononçaient Apelleet Phidias, Sophocle et Euripide, c’est pour moi une profanation.

— Quel enfantillage ! Est-ce que les générations présentes n’ont pas le droit de disposer de l’héritage du passé ?

— Ce qui est beau doit rester beau, et nul n’a le droit de fausser la vérité, de dénaturer le bien ou d’enlaidir la beauté, dit Martial.

— Cher monsieur, répondit l’économiste, savez-vous qui a donné l’idée de la beauté a la Grèce ? Ce sont les économistes, ce sont les philosophes, c’est Aristote, c’est Socrate, c’est Platon.

— Le jour où les philosophes apparurent en Grèce, répondit le peintre, l’art demeura frappé d’impuissance. Les poètes devaient mourir avec les dieux. Lorsque les philosophes parviennent à briser les idoles, la poésie remonte au ciel et l’art avec elle.

— La beauté est relative, elle est dans l’idée,