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Page:Lambert - Le Mandarin.pdf/217

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LE MANDARIN.

et pour éclairer notre jugement artistique. Vos cathédrales ne m’ont point rempli d’étonnement ; vos sculptures et vos peintures ne m’ont représenté que des faits ou des êtres particuliers ; quant à votre goût des antiquités, c’est le goût le plus chinois que je connaisse. C’est depuis qu’en Chine l’industrie et le commerce ont absorbé les énergies, qu’on a cessé de créer, qu’on a imité, reproduit. La création est morte, l’art est mort, la Chine se meurt… Si les artistes français ne gardent pas leur foi, s’ils se laissent absorber par les préoccupations matérielles, le sort de la Chine est réservé à l’Europe.

— Je suis tenté d’être de votre avis, dit Martial au mandarin.

— Hé ! s’écria l’économiste, tout cela est bel et bien, mais dans un siècle industriel et démocratique, si vous voulez des artistes quand même, il vous faudra les recruter parmi les oisifs, et vous tournerez alors dans un cercle vicieux. Si les enrichis ajoutent au prestige de la richesse le prestige de l’art, vous constituerez du jour au lendemain une aristocratie nou-