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Page:Lambert - Le Mandarin.pdf/221

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LE MANDARIN.

voir, monsieur, qu’avant la conquête, les Chinois choisissaient eux-mêmes leurs souverains ; encore aujourd’hui, la monarchie mandchoue accepte et proclame que la voix du peuple est la voix de Dieu. « Le ciel ne parle pas, nous dit Confucius, mais on reconnaît son approbation à l’approbation du peuple. »

— Les temps ne sont pas venus où le génie jaillira des sociétés démocratiques et surpassera tous les efforts individuels du passé, repartit l’économiste dédaignant de répondre au jeune Chinois et s’adressant au peintre, mais ils viendront, et on verra, comme au moyen âge, des associations d’artistes accomplir, pour la glorification humaine, des œuvres d’art qui laisseront derrière elles les mesquines conceptions des cerveaux isolés.

— Nous sommes loin de ces temps, dit Martial, et nous ne les verrons point venir. En attendant, l’homme s’abaisse à mesure que la masse grandit ; la pression se fait chaque jour sentir davantage, et bientôt nul ne trouvera dans un recoin de son cœur l’étincelle sacrée qui