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Page:Lambert - Le Mandarin.pdf/234

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LE MANDARIN.

— Quelle plaisanterie ! dit le Solitaire ; et vous vous êtes laissé émouvoir par cette sottise ?

— La science, répliqua Didier avec chaleur, est exploitée par des charlatans. Leurs affirmations originales séduisent la masse ignorante, et bientôt nous serons forcés de perdre la moitié de notre temps à rectifier des erreurs ridicules.

Et Didier, s’adressant au mandarin, ajouta :

— Notre théorie scientifique des volcans ne saurait avoir le succès de celle du Russe, prétendu savant, car elle a le tort grave d’être aussi simple que vraie. Le centre de notre globe contient des minéraux en fusion. Or, les gaz qui s’en échappent, s’ils étaient comprimés, finiraient par faire éclater la croûte terrestre, douée d’une extensibilité relative. Les conduits volcaniques donnent à ces gaz l’issue nécessaire. Voilà qui est facile à comprendre ; aussi le public s’y intéresse-t-il fort peu. Mais la théorie du Russe, prétendu savant, a fait en quelques semaines le tour du monde, et moi-même j’ai été forcé de m’en occuper.