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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 12.djvu/1015

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CORNEILLE - CORNELIA

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Bibl. : De Rien 1 bnbe&g, Xuticc sur Corneille de Saint-I. anieiit. dans les Mémoires de l’Académie de Belgique, XIV, 5.

CORNEJO (Pedro) (V. Duoue Cornejo).

CORNELIA (G<».s). Célèbre famille de l’ancienne Rome, à la lois patricienne et plébéienne ; elle comprenait un grand nombre de branches dont la plus illustre et la plus considérable est celle des Cornelii Scipiones. Voici les plus connus de ses membres :

Cornelia, surnommée Minor ou la Jeune pour la distinguer d’une sœur aînée, fille de Scipion l’Africain, femme de Ti. Sempronius Gracchus, mère des Gracques (u e siècle av. J.-C). Elle perdit son époux de bonne heure et le remplaça dans 1 éducation de ses deux tils, Tiberius et Caius ; elle s’acquitta avec un rare talent de sa tâche d’éducatrice, leur donnant les meilleurs maîtres, les préparant à la vie politique, capable même de former leur éloquence ; Cicéron dit qu’on voyait à la lecture de ses lettres que ses fils « semblaient avoir été formés plutôt par ses conversations que par le lait dont elle les avait nourris » {Brutus, 58). On connait son mot à une dame de Campanie qui étalait devant elle ses magnifiques bijoux : « Voici les miens, » dit-elle en montrant ses fils qui entraient à l’instant. Pour se consacrer en entier à son rôle de mère, cette femme de cœur refusa la main d’un roi d’Egypte, Ptolémée VII ; elle fut récompensée de son dévouement par la reconnaissance et l’affection dont ses fils ne cessèrent de l’entourer. Caius lui éleva, pendant son tribunat, une statue de bronze avec cette inscription : « A Cornélie, mère des Cracques. » On ne connait pas son rôle pendant la carrière politique de ses fils, les célèbres tribuns. S’il faut admettre l’authenticité de deux fragments de lettres qu’on lui attribue (ils figurent d’ordinaire dans les éditions de Cornélius Nepos), elle essaya d’arrêter son second fils quand il voulut recommencer l’œuvre fraternelle ; elle le pria d’attendre qu’elle fut morte et qu’il pût « invoquer la divinité de sa mère ». Quand elle eut vu périr son second fils (121) comme elle avait déjà vu périr le premier, elle se retira dans une maison de plaisance au cap Misène, en montrant la plus rare énergie au milieu de si grands malheurs domestiques ; elle consolait sa douleur en racontant à ses hôtes les exploits de son père l’Africain et les tentatives de ses fils, « qui avaient sacrifié leur vie au bonheur du peuple ». On éleva plus tard une statue à celte grande Romaine ; elle était représentée assise. Des fouilles faites en 1878 au portique d’Octavie ont mis au jour le piédestal de cette statue, à l’endroit même où Pline l’Ancien en avait signalé la présence (V. Bullett. délia commis. archeol. comun., Rome, 1878). Cornélie eut aussi une fille, Sempronia, qui épousa Scipion Emilien, le second Africain ; mais cette femme ambitieuse et fière de ses deux fils se plaignait d’être appelée la belle-mère de Scipion Emilien plutôt que la mère des Gracques.

Cornelia, fille de L. Cornélius Çinna, collègue de Marins (V. Cinna), première femme de Jules César, qu’elle épousa en 070 (84). Elle dut mourir en G8G (08), date de la questure de son mari, qui prononça, étant questeur, son oraison funèbre du haut de la tribune rostrale. Selon Plutarque, elle fut la première jeune femme de Rome dont la mémoire ait reçu cet honneur. Elle avait donné à César une fille, Julie (V. ce nom).

Cornelia, fille de Q. Cornélius Scipio Metellus, épousa d’abord P. Licinius Crassus, qui périt avec son père, en Si av. J.-C, dans la fatale expédition contre les Parthes ; elle se maria ensuite à Pompée, veul alors de Julie. Restée fidèle à son mari pendant la guerre civile, elle était à Lesbos lors de la campagne de Pharsale ; elle l’accompagna ensuite en Egypte et le vit assassiner sous ses yeux. Après s’être cachée quelque temps à Chypre, elle revint à Rome ; elle vécut dans sa villa d’Albe où elle avait fait déposer les cendres de son époux. Corneille en a lait un des principaux personnages de sa tragédie la Mort de Pompée. Cornelia Fausta, fille de Sylla le dictateur, épousa en secondes noces T. Annius Milo, le célèbre adversaire du démagogue Clodius.

C. Cornélius, tribun de la plèbe en 687 (07 av. J.-C), auteur de plusieurs propositions de lois dirigées contre le Sénat, connu surtout par deux plaidoyers de Cicéron. Il avait été accusé de lèse-majesté en 66 ; mais l’accusation avait été abandonnée. Elle fut reprise en 65 par le même accusateur, P. Cominius, et soutenue par les personnages les plus en vue du sénat, Q. Hortensius, Q. Metellus Pius, etc. ; cependant ce procès politique se termina par un acquittement. Cicéron, son défenseur, avait pris la parole pendant quatre jours ; plus tard, il résuma sa plaidoirie en deux discours, dont on n’a plus que quelques fragments (V. Lange, Hist. intér. de Home, II). Cornélius Cethegus, nom d’une famille, de la gens Cornelia, dont les principaux membres sont : 1° 6’. Cornélius Cethegus, consul en 197, censeur en 194 ; il fit des campagnes heureuses en Espagne et dans la Gaule cisalpine. Pendant sa censure, il fit assigner aux sénateurs une place réservée dans les spectacles. — 2° C. Cornélius Cethegus, sénateur romain, un des complices de Catilina. Quand le chef de la conspiration se résolut à quitter Rome après le discours de Cicéron, Cethegus, Lentulus et d’autres conjurés restèrent à Rome avec la mission d’assassiner les principaux sénateurs ; le rôle assigné à Cethegus était d’assaillir la maison de Cicéron et de le tuer lui-même. Naturellement fougueux, violent, prompt à l’exécution, dit Salluste, il ne cessait de se plaindre de l’inertie des conjurés. Arrêté avec Lentulus et les autres à la suite de la dénonciation des Allobroges, il fut condamné à mort et exécuté comme eux dans la prison du Tullianum(6S) (V. Catilina). — 3° il/. Cornélius Cethegus, censeur en 209, consul en 204, proconsul l’année suivante, où il remporta une victoire dans la Gaule cisalpine sur le Carthaginois Magon, mort en 196. D’après Cicéron (Brutus, 15), c’est le premier Romain qui ait été vraiment éloquent ; Ennius, qui l’avait entendu, vantait son éloquence pleine de douceur, suaviloquenti orc ; il l’appelait encore l’âme de la persuasion, saadœque medulla. — 4° P. Cornélius Cethegus, consul en 181 avec M. Bœbius (V. M. Cornus Tamphilus, t. IV, p. 1137). Cornélius Cossus, nom d’une branche très ancienne de la gens Cornelia, à laquelle appartiennent : 1° A. Cornélius Cossus, consul en 428 av. J.-C. ; quand il était tribun des soldats, il avait tué dans un combat singulier auprès de Fidènes l’Etrusque Lar Tolumnius, chef des Véiens, et lui avait enlevé ses dépouilles, qu’il dédia à son retour à Jupiter Eérétrien (437). C’était depuis Romulus le second Romain qui avait remporté les dépouilles opimes, spolia opima. Cette relique militaire des vieux âges était conservée encore à l’époque d’Auguste (Tite-Live, IV, 20).

— 2° A. Cornélius Cossits, dictateur en 385 av. J.-C, conduisit avec succès la guerre contre les Volsques et fit jeter en prison Manlius Capitolinus.

Cornélius Fusais, préfet du prétoire sous Domitien. Il s’était attaché à la fortune des Flaviens lors de la guerre civile entre Vespasien et Vitellius ; il mourut en 8G ap. J.-C, pendant sa préfecture du prétoire, dans une expédition malheureuse contre les Daces.

C. Cornélius Gallus, poète latin, né à Forum Julii (Fréjusj en Gaule en G9, mort en 20 av. J.-C II fut lié avec Asinius Pollion, Virgile, Auguste ; il intervint auprès d’Auguste pour faire rendre ses biens au poète de Manloue. Virgile lui a dédié sa dixième églogue, Gallus ; il y parle de l’infidélité de Lycoris, la maîtresse de son ami. D’après Servais, l’épisode d’Aristée dans le IV e livre des Géorgiques a remplacé, sur le désir de l’empereur, l’éloge de Cornélius Gallus que Virgile y avait mis d’abord. Gallus avait encouru en effet le mécontentement d’Auguste, dans les fonctions de préfet de l’Egypte qu’il avait été le premier à exercer, et, pour échapper à des poursuites, il s’était donné la mort ; sa préfecture de l’Egypte va de 30 à 2G av. J.-C Gallus avait imité l’élégie erotique des poètes alexandrins et introduit ce genre à Rome ; son œuvre