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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 12.djvu/1020

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CORNEMUSE — CORNET

d’air, et qu’on tient sons lo bras gauche ; 2 n de trois ou quatre chalumeaux, dont L’extrémité s’ajuste à la peau pour recevoir l’air. Le premier, placé sur l’un des cotés, s’embouche pour gonfler la peau ; on le nomme porte-vent ; le second, percé de plusieurs trous, est tenu en main par l’exécutant qui en ouvre et ferme les trous avec les doigts, pour en obtenir différents sons ; les derniers, appelés bourdons, résonnent constamment, à l’octave et la quinte intérieure du son le plus grave du chalumeau principal. Cet instrument médiocrement musical est connu depuis l’antiquité. On le reconnaît sous divers noms chez les Hébreux, (soumponiah), les Grecs (symphonia), les Romains (tibia utrieutaris), les Arabes et les principaux peuples de l’Orient. Au moyen âge, on le voit répandu dans toute l’Europe, figurant dans les corps de musique des princes et surtout dans la musique militaire. Guill. de Machaut distingue la cornemuse, la muse d’Aussay, la muse de blé. Froissart parle des muses qui « menoient grand bruit et grand tintin » au siège de Valenciennes en 1340. L’Irlande et l’Ecosse se disputent la priorité de son emploi dans les armées. Sous le nom de bug-pipe, la cornemuse est encore l’instrument national et militaire des régiments écossais. Dans les autres pays, elle est abandonnée aux paysans et aux musiciens populaires ;• à ce titre on la trouve en Bretagne sous le nom de biniou, en Allemagne sous ceux de Sackpfeife et de Dudelsack, en Italie on l’appelle priva, quelquefois zampogna ; les musiciens qui en jouent sont nommés pifferari. La musette, qui en dérive, et qui eut une grande vogue au xvn" siècle comme instrument de chambre et d’amateur, est plus petite, a un son plus doux, et possède un soufflet pour remplir d’air le sac de peau servant de réservoir. M. Brenet. CORN ESSE (Prosper), homme politique belge, né à Stavelot en 1829, mort à Messancy en ISSU. Avocat distingué du barreau de Liège, il entra en 1X00 au conseil provincial et fut élu, en 1870, membre de la Chambre des représentants pour l’arrondissement de Verviers. II reçut dans le cabinet d’Anethan le portefeuille de la justice ; il ne le garda pas longtemps. Dès le mois de nov. 1871, la nomination au poste de gouverneur du Limbourg de M. de Decker, qui avait été impliqué dans la banqueroute de Langrand-Dumonceau, amena des troubles graves à Bruxelles, et le roi destitua ses ministres. Les élections de 1871 rendirent M. Cornesseà la vie privée. En 1877, il plaida pour l’évêque de Liège dans le procès retentissant dit « des processions ». M. Piercot, bourgmestre de Liège, craignant des troubles, avait interdit les processions jubilaires. L’évêque, M. de Montpellier, le poursuivit à tous les degrés de juridiction comme s’étant rendu coupable d’un abus de pouvoir. En dépit des plaidoiries brillantes de M. Cornesse, l’évêque fut partout débouté. M. Cornesse rentra à la Chambre en 1878 comme dépulé de Maeseyck. Il prit une grande part à la campagne menée par l’opposition cléricale contre le ministère Frère-Orban.

CORNET. I. Rotanioue (V. Stipule).

IL Anatomie (V. Crâne).

III. Physique. — Cornet acoustique. On désigne sous ce nom un petit appareil ayant diverses formes souvent assez compliquées, mais se rapportant en général à celle d’une trompette. Le petit bout est destiné à être mis dans l’oreille et le pavillon tourné du côté de la personne qui parle. Cet instrument, destiné à améliorer l’audition chez les personnes sourdes, agit en somme comme un appareil renforçant les sons et non comme un appareil réfléchissant les ondes sonores. Mais l’on sait que les résonnateurs ne renforcent qu’un son et quelques-uns de ses harmoniques, de sorte qu’un cornet donné renforce beaucoup plus certains sons que d’autres, ainsi que l’on peut s’en apercevoir en faisant diverses notes avec un piano. Aussi les cornets acoustiques ne laissent-ils pas aussi bien entendre certaines voix que d’autres, par exemple les voix de femmes et d’enfants plus aiguës que les voix d’hommes. On a construit sous le nom Aa cornet analyseur un instrument de physique destiné à servir de résonnateur variable. Il se compose d’un tube cylindrique portant un pavillon évasé et d’un autre tube cylindrique rentrant dans le premier et portant une partie conique terminée par un ajutage destiné à être mis dans l’oreille. Les deux tubes peuvent être déplacés l’un par rapport à l’autre à l’aide d’une crémaillère et d’une vis ; on peut régler ainsi l’appareil de façon qu’il puisse renforcer un son d’une hauteur quelconque ; en enfonçant plus ou moins les deux parties, on pourra donc le mettre en état de renforcer des voix graves ou aiguës. Souvent, dans la construction des cornets acoustiques on sacrifie trop les conditions nécessaires à leur bon fonctionnement pour les rendre le moins apparents possible. A. Joannis. IV. Médecine. — Les cornets acoustiques servent en médecine pour faire entendre les personnes atteintes d’une surdité plus ou moins prononcée. Les plus simples consistent en une sorte de corne de 20 à 30 centim. de longueur. Récemment, Marshall a proposé, dans le but d’éviter la répercussion du son, une forme nouvelle de cornet, dans laquelle il a employé le principe de la parabole pour conduire directement les ondes sonores à l’oreille. Quand la surdité est très prononcée, on place l’entonnoir à l’extrémité d’un long tuyau ou tube flexible en caoutchouc ou en crin, ce qui dispense la personnequi parle de se placer dans une situation gênante. Les personnes dont la surdité est faible et qui veulent dissimuler cette infirmité, se servent de petits cornets pouvant être cachés par les cheveux ou le chapeau, ou encore de ïotophone de Webster, pince en argent qui éloigne le pavillon de l’oreille de la tète et favorise ainsi l’audition. Constantin Paul a imaginé un appareil biauriculaire qui augmente considérablement l’intensité du son ; celle-ci dépasse la somme des perceptions isolées de chaque oreille. Il est probable que ce phénomène tient à un mode de perception qui exige l’association des deux oreilles, tout comme pour la perception du relief la vision binoculaire est nécessaire. Pour entendre à distance, le cornet est plus évasé et les tubes plus courts. Le cornet acoustique n’a pas encore été suffisamment étudié au point de vue physique et surtout physiologique pour permettre d’affirmer que l’acoustique sera capable un jour de fournir, aux maladies des oreilles, le secours que l’optique a fourni aux maladies de la vision ; en un mot, on n’a point encore découvert de lunettes pour l’oreille, selon l’expression de Troltsch. D r L. Hn. V. Archéologie. — Les copistes du moyen âge mettaient leur encre dans un cornet en ivoire, en os ou en métal, maintenu dans un trou pratiqué à l’une des extrémités de leur pupitre. Les écoliers portaient leur cornet à encre pendu à leur ceinture. Deux inventaires.de 1380 signalent l’un un cornet d’argent, l’autre un cornet d’ivoire « à mettre encre ». Mais on en vint à donner couramment le nom de cornets aux encriers quelle que fût d’ailleurs leur forme. Ainsi, en 1463, les comptes royaux mentionnent un payement fait à « Jacquet de Chiefdev’ille, orfèvre, pour avoir "fait de neuf à l’escriptouère dudit seigneur (le roi) un cornet d’argent doré, en façon d’une aigle, icelle redorée et mise en couleur ». M. Prou.

VI. Musique. — Les cornets sont des instruments à vent, dont le premier type est le cornet de poste. Cet instrument, très simple, est assez analogue à la trompette, mais de tube moins long. Son diapason est celui de la voix de mezzo- soprano, et

son échelle d’harmoni-

ques, bien qu’elle s’é-

tende du son 2 au

son 8, ne sert guère

que du son 3 au son 6

(fig. 1). Un cornet sim-

ple en ut a pour longueur théorique l m 3I4, tandis que celle de la trompette en ut est 2 m 629. Si donc une trompette et un cornet accordés au même ton font entendre à l’unisson une même note, celte note représente sur le cornet un harmonique d’ordre deux fois moins élevé que sur la trompette ; Fis. l.