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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 12.djvu/110

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COMMODE

Commode en laque avec cuivres ciselés, par Carlin (musée du Louvre). du cabinet du roi, les cuivras des commodes prirent une prépondérance marquée, mais ils étaient traités avec une délicatesse extrême par des ciseleurs don ! Le plus célèbre est Jacques Caffieri,

auquel son fils Phi-

lippe succéda. ce

moment les frères

Martin enrichis-

saient ces meubles

dé panneaux vernis

dont les peintures

représentaient des

scènes chinoises et

des paysages imi-

tant 1rs laques de

la Chine. Ces pan-

neaux étaient en-

cadrés par des bor-

dures en enivre

ajoure dont 1rs

motifs étaient com-

posés de coquilles

et d’enroulements

baroques.

On revint, sous Louis XVI, à un style plus sobre et moins fantaisiste, mais la magnificence du mobilier de luxe ne fut pas moins grande. Riésener, le maître le pins habile de cette époque, nous a laissé une suite de commodes qui sont des modèles de goûl et d’exécution. Il plaçait dans la partie centrale des tableaux de marqueterie de bois représentant des attributs champêtres ou des bouquets de leurs. De chaque coté se voyaient des panneaux marquetés en losange qui faisaient ressortir le sujet principal. Sur la ceinture règne une suite de couronnes de fleurs s’enroulant en frise et des cannelures ciselées dans le cuivre, tandis ([lie des ligures de cariatides ou des colonnes à consoles corinthiennes appuyées sur des sabots fleuronnés en cuivre, servent de montants à «es meubles composés comme des ouvres d’architecture. D’autres, [dus rares encore, sont entièrement revêtus d’une riche végétation de fleurs et de fruits se détachant sur des panneaux de vieux laque de Chine. Le rival de Riésener, l’ébéniste Beneman, moins délicat dans ses créations, a produit plusieurs commodes conservées à Fontainebleau et au Garde-Meuble dont les formes annoncent déjà l’imitation des sculptures antiques qui devait envahir notre art national, mais dont la décorabon ciselée peut prendre rang parmi les meilleures œuvres du métal que nous possédions. L’exagération du luxe conduisit jusqu’à remplacer les panneaux de bois des commodes par de grandes plaques de porcelaine de Sèvres, erreur de goût que la recherche des objets rares et coûteux peut seule expliquer. Les commodes furent proscrites des appartements du Directoire et de l’Empire comme étant étrangères au mobilier antique dont on entreprenait la résurrection, mais cette exclusion, qui n’était pas générale, ne dura pas longtemps et l’on revint bientôt à ce meuble d’un usage indispensable dans nos intérieurs. La commode ne fut plus alors qu’un objet d’ameublement en bois d’acajou, d’abord orné de quelques maigres appliques en cuivre, qui bientôt disparurent pour laisser au bois toute sa valeur. L’usage et la l’onne en sont aujourd’hui très variés eton a imaginé des commodes-toilette, des commodes-secrétaires pour répondre aux besoins de la vie journalière. De Ciiampeaux.

Bibl. : II. Havard. Dictionnaire de l’ameublement. — De Ciiampeaux, le Meuble.

COMMODE, empereur romain de 180 à 192. « Marc-Àurèle aurait pu se dire heureux, dit son biographe de l’Histoire Auguste, s’il n’avait pas laissé de fils. » Ce fut en effet le malheur de cet empereur, l’un des meilleurs de l’histoire, d’avoir eu pour fils un épouvantable tyran. Aussi on disait à Rome que Commode était le fils de Faustine et d’un gladiateur ; mais les bustes de Commode, qui offrent une ressemblance frappante avec Marc-Aurèle, protestent contre eette supposition. L. Aurelius Antoninus Commodus, fils de Marc-Aurèle et de Faustine la Jeune, naquit à Lanuviiim le

’M août 161 ; il

avait pour frère ju-

meau Antoninus

Geminus qui mou-

rut a quatre ans.

Dès l’enfance , et

malgré les maîtres

excellents et la sur-

veillance dont son

père l’entoura, il

montra les plus dé-

plorables instincts ;

des lors, il était,

pm ait-il, « un bouf-

fon et un gladiateur

accompli. » Il eut

toujours le culte de

la force musculaire ;

sa grande ambition

était de ressem-

bler à Hercule (le musée du Vatican possède une statue colossale en bronze doré, de 3 m 80, où il s’est fait représenter avec les traits et les attributs de ce héros) ; empereur, il porta d’habitude le costume des gladiateurs et il descendit dans l’arène sept cent trente-cinq lois. On raconte qu’à l’âge de douze ans il fit jeter au four son baigneur qui s’était servi d’eau trop chaude. En 178, a dix-sept ans, son père lui lit épouser Rruttia Crispina ; plus tard, probablement en 18a, il la chassa du palais comme adultère, l’exila et la fit mettre à mort. Il accompagna son père dans ses diverses campagnes en Germanie, en Orient, sur le Danube ; c’est au camp de Vindobona (Vienne) qu’il devint empereur à la mort de Marc-Aurèle (180). Le nouveau césar n’avait que dix-huit ans et demi ; d’esprit faible et mal équilibré, comme en témoigne Dion Cassius, il fut grisé par le pouvoir absolu. La tète lui (oiiina comme a Caligula, comme a Néron, comme à tant d’autres ; mais il n’eut pas même le début que les flatteurs de Néron avaient tant applaudi. Interrompant tout à coup la guerre laborieuse de son père contre les Marcomans et les Ouades et traitant avec eux a des conditions honteuses comme la reddition de leurs places fortes, il courut a Rome, y triompha et commença ces saturnales insensées qui sont toute l’histoire de son règne. In préfet du prétoire, Perennis, demeura le maître absolu du pouvoir, pendant que le prince se livrait à ses folies. Perennis ayant été tué par les soldats, après cinq ans de faveur scandaleuse, un portefaix, Cleamdre (V. ce mot), le remplaça dans sa fonction et dans sa toute-puissance. Commode le fit assassiner à son tour en 189. Contre ce fou furieux, cpii rêvait d’appeler Rome la Colonie Commodienne, qui parlait de l’incendier, qui se vautrait dans les débauches et le sang, qui mettait à mort, les membres de sa famille, les frères Quintilius dont la riche villa le tentait, etc., plusieurs conspirations se formèrent. La première fut ourdie par sa sœur Lucilla : elle amena la mort de Lucilla et d’une foule de sénateurs. Une autre, où avait trempé sa propre favorite Marcia, lui coûta la vie ; Marcia lui avait tait donner du poison ; mais comme l’effet était trop lent, les conjurés firent égorger Commode par un athlète (192). Le sénat fit marteler le nom de Commode sur tous les monuments publics et se hâta d’abolir la mémoire de ce monstre, qu’il déclara « plus cruel que Domitien et plus impur que Néron, » sœvior Domitiano, impur ïorNcronc. — Cependant sous ce règne odieux et infâme, les chrétiens connurent quelques jours de paix, au lendemain de la terrible persécution du règne de Marc-Aurèle. On attribuait cette tolérance à l’influence de sa favorite Marcia. « On raconte, dit Dion Cassius, que Mania eut une vive sympathie pour les