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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 12.djvu/604

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est riche en ports ; sur les six grands ports que compte l’Algérie, elle en a trois pour sa part (Bougie, Philippeville et B6ne) et plusieurs d’importance secondaire (Djidjelli, Collo, La Galle, etc.). Ce littoral, à partir de la limite du dép. d’Alger, court de l’O. à l’E. jusqu’au cap Sigli, chute d’une montagne de 673 m. (le djebel Mindjou), etest composé de plages minuscules alternant avec des pointes rocheuses peu saillantes ; au delà du cap Sigli, il va vers l’E.-S.-E., projette en mer des écueils, des bancs de roches, un Ilot, L’Ile Pisan ou Djeribia, et se hérisse de falaises de plus en plus hautes et abruptes, front du massif du Gouraya. Le cap Carbon, qui le termine et ressemble à un énorme pain de sucre aux parois presque verticales (239 m.), porte un phare de premier ordre (portée officielle 30 milles ; l’amiral Mouchez l’a vu de 46 milles) qui éclaire cette côte de fer ; à 1 mille dans le S. se trouve aussi un phare de quatrième ordre, au cap Bouak (portée 15 milles). On est déjà dans le grand golfe de Bougie, qu’entourent de hautes montagnes et qui de certains points a tout l’aspect d’un lac alpestre ; avec ses trois anses (Sidi-Yaya, Moula-en-Nacer, Dar-Senaa), cette rade de Bougie est, de l’avis de tous les marins compétents, « la plus belle, la plus aste et la plus sûre de tout le littoral algérien, celle dont l’entrée et la sortie sont le plus faciles ». A partir de Bougie, la côte s’infléchit en un grand arc de cercle dirigé d’abord vers le S.-S.-E. puis vers l’E.-S.-E. et enfin vers l’E. ; la première partie est une plage fort basse de 18 milles d’étendue, interrompue à peu près dans son milieu par le morne abrupt du cap Aokas (470 m.) ; au delà de l’embouchure de l’oued Agrioun, la côte se relève en falaises et est découpée par deux petites baies profondes, une première ou l’on ne peut débarquer à cause de ses parois abruptes, et celle de Ziama, toute voisine, qui offre un bon point de débarquement ; au delà, la cote est précédée de petits rochers parmi lesquels l’Ile de Mansouria, tandis qu’elle est dominée du côté de l’intérieur par des montagnes assez élevées ; du large on aperçoit très nettement le sommet aplati du Tababor, qui sert de point de reconnaissance aux navigateurs. Un peu plus loin le littoral prend la direction du N.-E. puis celle du N., forme la petite baie de Taza et est ensuite bordée de falaises inabordables au milieu desquelles se dresse un groupe de mornes coniques, la pointe Cavallo ; des écueils et des rochers en rendent l’approche dangereuse ; un phare de deuxième ordre a été construit près de là sur un gros rocher rougeâtre, le ras Afia. La côte garde le même caractère (baie el-lvalaa, écueil de la Salamandre, banc des Kabyles) jusqu’au petit port de Djidjelli, dont l’entrée est difficile à cause des ilôts et des rochers qui s’y élèvent ; sur un de ces ilôts est le phare (portée 8 milles). A l’E. se développe sur une longueur de 25 milles, dans la direction de l’E.-N.-E., une plage très régulière, basse, bordée parfois de dunes et au milieu de laquelle débouchent de nombreuses rivières (l’oued Djindjen, l’oued Nil, l’oued el-Kébir) ; vers le 1 6 e mille elle présente une pointe de roches devant laquelle est un îlot rond, le Tazerout, appelé par les pécheurs l’Ile aux Moules ; elle se termine à l’embouchure de l’oued Zhour. A partir de ce point, le littoral va vers le N. et forme une énorme excroissance, massif de terre élevé et proéminent, de 15 à 20 milles de long, le cap Bougaroun ou Sebaa-Rous (aux sept tètes) ; visible de très loin, il est un des points de reconnaissance les plus commodes de la terre d’Algérie. Sur ses flancs très découpés, mais bordés presque partout de hautes falaises et de terres abruptes, on remarque un bon petit port, Mersa-ez-Zitoun (le port des olives), la petite plage Gasabianca, l’îlot Lamein, la pointe Bas-Afia, la crique de Mersa-el-Damous ou Roum-Mella ou port des Bois, la pointe des Roches-Noires ou Sidi-bou-el-Nouar, la pointe Bougaroun (Bougaroni, Bougiaroni) avec un phare de premier ordre (portée 31 milles), la baie de Tamanart, assez bon mouillage, la baie de Ras-el-Kebir, au S. de la pointe du même nom, la pointe de Sidi-Yaya. Sur le flanc

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oriental du massif du Bougaroun s ouvre un petit golfe d’un kil. de longueur sur un de profondeur, le bahr en-Nessa (bain des jeunes filles), qui pourrait être utilisé s’il n’y avait tout près, séparée seulement par la minuscule presqu’île el-Djerba, la baie si avantageuse de Collo. Un phare de quatrième ordre (portée 12 milles) en annonce l’approche ; elle est sûre à peu près par tous les temps et il va une grande profondeur d’eau ; malheureusement le manque de communications avec l’intérieur ne permet pas au port de prendre toute l’importance qu’il pourrait avoir. Après une plage qui se développe au S.-E. de Collo, la côte redevient rocheuse et élevée, presque inabordable ; on y remarque les pointes Frao, Bibi, Esrah, Akmès ou Srigina ; en face de cette dernière est l’Ile du même nom qui porte un phare de quatrième ordre (portée 16 milles) éclairant l’entrée du golfe de Stora. Celui-ci, en apparence assez bien abrité contre les vents d’E. et du N.-O., est cependant d’une tenue difficile ; il a longtemps été le principal port de débarquement du dép. de Gonstantine, mais les naufrages y ont été nombreux et on l’a remplacé par le port artificiel de Philippeville. Ce dernier qui s’ouvre au S. du golfe de Stora, est, malgré son entrée difficile, d’une très grande importance. A l’E. s’étend une plage sablonneuse jusqu’au massit calcaire du Filtila, au pied duquel, à l’E., se trouve la petite crique de Saint-Louis ; au delà, la plage recommence, se recourbant vers le N., puis vers le N.-O., où se dresse le cap de Fer ou ras el-Hadid , pointe la plus avancée vers le N. du massif de l’Edough ; il s’y trouve un phare de troisième ordre d’une portée de 16 milles. A l’E. de ce point la côte court vers l’E.-S.-E., partout rocheuse ou bordée de falaises, découpée çà et là de petites criques sans importance ; c’est le iront de mer de l’Edough ; signalons d’abord un banc d’écueils, parmi lesquels L’Ilot Toukouch, puis le cap du même nom, à l’E. duquel s’ouvre une petite baie assez sure avec un feu et le village maritime d’Herbillon, au delà la Roche-Percée, l’écueil appelé Roche-Akcine, le cap du même nom, le petit port d’Aïn-Barbar, la pointe du Pain-de-Sucre, la pointe et L’îlot de la Voile-Noire, la petite baie de Sidi-Begrah et enfin le cap de Garde, promontoire de marbre de 120 m. de haut, qui termine le massif de l’Edough et porte un phare de troisième ordre (portée 20 milles). A partir du cap de Garde, la cote, qui court d’abord vers le S. puis vers l’E., forme le golfe de Bône, où l’on remarque l’anse du Fort-Génois avec un bon mouillage et un feu de port, la baie du Caroubier, la pointe du Lion, le port de Bône avec un phare (portée 10 milles) ; c’est une grande plage sablonneuse où débouchent la Seybouse et la Mafrague ou oued el-Kébir, et que prolonge dans l’intérieur une plaine étendue. La côte se relève un peu en approchant du cap Rosa, mamelon de 120 m. de haut, qui porte un phare de quatrième ordre (portée 11 milles). Au delà de ce point, la côte se creuse un peu en courant vers l’E. et est généralement bordée de rochers ; on y remarque l’embouchure du lac el-Melah, la baie du Bastion-de-France ou Vieille-Calle (premier établissement des Français en Berbérie, fondé en 1561), le cap Gros, le port médiocre de La Calle avec un phare de quatrième ordre (portée 10 milles), l’île Maudite, qui forme plus à l’E. un petit havre, le cap Roux avec une petite baie à l’E. où l’on voit les ruines d’un vieil établissement de la Compagnie française d’Afrique et qui se trouve près de la limite du dép. de Constantine et de la Tunisie. En résumé, ce littoral de 460 kil. de développement présente trois grands ports, Bougie, Philippeville et Bône ; trois de second ordre, Djidjelli, Collo et La Calle, et est éclairé par une douzaine de phares dont deux de premier ordre.

Orographie. — Le terrain, dans le dép. de Constantine, est extrêmement accidenté et il n’est point facile de classer les divers pâtés de montagnes en un système orographique bien défini. On peut cependant y reconnaître les deux chaînes caractéristiques de toute l’Algérie, l’Atlas tellien, voisin du littoral, et plus au S. l’Atlas saharien, cou-