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MARIUS — MARIVAUX

assis sur les ruines de Carthage. » Rejoint par son fils et poursuivi par des cavaliers numides, il s’abrita dans l’île de Cercina. De là, il revint en Italie sur les nouvelles qu’il en reçut. On avait élu consuls pour l’an 87 Cn. Octavius, du parti des nobles, et L. Cornélius Cinna, du parti popu- laire. Sulla fit jurer à ce dernier de ne rien changer à la constitution ; mais, dès qu’il fut parti pour la Grèce, Cinna proposa de rétablir la loi Sulpicia pour incorporer les Ita- liens dans les trente-cinq tribus. Octavius s’y opposa par la force ; chassé de Rome, Cinna fut déposé par le Sénat qui nomma consul à sa place L. Cornélius Merula. Cinna rassembla une armée. Sur ces entrefaites, Marius débarqua à Telamon (Etrurie), appelant à la liberté les esclaves ; il se joignit à Cinna qui lui offrit le titre de proconsul qu’il refusa ; le terrible vieillard gardait ses haillons, sa barbe et ses cheveux hirsutes qu’il avait cessé de couper depuis son exil. Il agit avec son énergie accoutumée, affama Rome en saisissant les navires de blé qui la ravitaillaient ; après avoir occupé Ostie et les villes maritimes, il vint camper sur le Janicule. La famine obligea les Romains à capituler ; le Sénat invita Cinna et Marius à rentrer ; Cinna accueillit courtoisement les délégués ; mais auprès de sa chaise cu- i’ule se tenait Marius silencieux. Il ne voulut rentrer qu’a- près qu’on eût assemblé les comices pour faire rapporter la loi qui le bannissait ; mais il n’eut pas la patience d’at- tendre la fin de la comédie du vote et pénétra dans la ville avec ses gardes du corps d’esclaves fugitifs. Ceux-ci tuaient tous ceux à qui il ne rendait pas leur salut. L’orateur Marc-Antoine tomba sous leurs coups ; Q. Catulus dut s* suicider. Lassé de cette boucherie, Cinna finit par faire mas- sacrer cette troupe d’égorgeurs. Marius et Cinna se nom- mèrent consuls pour l’an 80. Le vainqueur des Cimbres, usé par les souffrances qu’il venait d’endurer, succomba à une pleurésie le dix-huitième jour de son consulat, après sept jours de maladie. A. -M. R.

MARIUS (Caius), né en 109 av. J.-C, mort en 82, fils adoptif du précèdent. Il partagea l’exil de son père et sucs céda à son influence. Elu consul pour 82 avec Cn. Papirius Carbo, il perdit contre Sulla la bataille de Sacriport, se jeta dans la forte place de Prœneste ou il avait déposé les trésors enlevés au ("apitoie. Après la défaite de la porte Colline, il se suicida.

MARIUS (Caius-Marcus-Aurelius), usurpateur de l’em- pire romain, l’un des trente tyrans énumérés par Trebel- lius Pollio, le quatrième de ceux qui régnèrent en Gaule. C’était un forgeron d’une force herculéenne ; on prétend qu’il ne régna que trois jours ; mais cette assertion est certainement inexacte, car nous possédons beaucoup de monnaies de lui en or, argent ou bronze.

MARIUS, évèque et chroniqueur français, né probable- ment à Marsannay-la-Côte (Cote-d’Or) en 530 ou 531, mort probablement à Lausanne le 31 déc. 593 ou 594. Tout ce que nous savons de sa vie, c’est qu’il fut élu en 573 ou 574 évèque de la ville d’Avenrhe (en Bourgogne transjurane, aujourd’hui canl. de Vaud [Suisse]) qui avait été ruinée par les incursions des Alamans au v c siècleetne s’en était pal relevée, qu’il assista en 585 au concile de Mâcon, qu’il construisit et dota une église a Payerne et qu’enfin il transporta à Lausanne le siège épiscopal d Avcnche. Il composa dans les dernières années de sa vie une courte chronique qui continue la Chronique universelle de Saint Jérôme et de l’rosprr <i Aquitaine (V. ces noms) de 455 à 581. Les renseignements fournis par Ma- rius sont presque tous empruntés à des sources écrites, à dei Annales consulaires d’Italie, à la Chronique du comte Mareellin et de son continuateur, à des Annales gallo-ro- maines que Grégoire de Tours a aussi connues. Ce n’est que pour l’histoire de Burgondie « iiif les Dotes de Marius offrent un réel intérêt, mais un oit qu’il se considère avant tout comme un sujet de l’empire romain et a toujours les yeux fixés sur l’Italie et l’Orient. Il date les années parles noms des consuls et aussi, à partir de 523, par les indic- tions constantinopolitaines. — L’Appendice à Marius se

trouve joint par un pur hasard à sa Chronique. C’est un fragment historique relatif aux années 614-24, écrit en Espagne en (324, et qui lait suite à la chronique d’Isidore de Sèville. — La Chronique de Marius nous a été conservée dans un seul manuscrit (British Muséum. 16974). La pre- mière édition a été donnée par Chifflet dans les Historiae Francorum SS. (t. I). Làbbe en a fait une nouvelle colla- tion pour sa Nova Bibl. Mss. (t. I). Dom Bouquet (t. II), Migne(t.LXXII),lesSS. rerum Bernensium ont reproduit l’édition Labbe. W. Arndten 1875 et 1878, Mommsen au t. IX, 1, des Auctores Antiquissimi de la Collect. des Mo- numenta Germaniae, ont donné des éditions critiques du texte de Marius. G. Monod.

Bibl. : G. Monod, Eludes critiques sur les sources de l’histoire mérovingienne ; Paris, 1872, 1" panie, pp. 147-103. — W. Arndt, Bischof Marius von Aventicum, sein Leben u. seine Chronik, nebst einem Anhang ùber die Consul- reihe der Chronik ; Leipzig, 1875.

MARIUS (Simon), de son vrai nom Mayer, astronome allemand, né à GunzeDhausen (Franconie) en 1570, mort à Ansbach le 26 déc. 1624. Disciple de Tycho Brahe et de Kepler, il se rendit à Padoue pour y étudier la méde- cine (1601) et, de retour dans sa patrie (1604), devint astronome de l’électeur de Brandebourg. Durant son séjour en Italie, il avait écrit une traduction latine du Traité du compas de projection de Galilée, qu’il essaya de faire passer pour un livre original, sous le couvert d’un disciple de l’illustre astronome, Balthasar Capra. Plus tard, il pré- tendit avoir observé le premier les satellites de Jupiter, qu’il appela sidéra brandenburgica. En réalité, la prio- rité de la découverte ne lui appartient que pour le second -atellite ; Galilée, qui devait en revendiquer vivement le mérite, avait vu les trois autres vingt-quatre heures avant lui, le 7 janv. 1610. Simon Marius a publié : Hypothèses de systemate mundi ( 1 596 ) ; Tabulœ directionum novœ (Nuremberg, 1599) ; Frankischer Kalender oder der Practica (Nuremberg, années 1610 et suiv.) ; Mun- dusjovialis anno 1609 detectus ope perspicilli belgici (Nuremberg, 16 14, in-4) (cet ouvrage renferme une théorie des satellites de Jupiter, que Galilée proclama un plagiat de celle exposée dans son propre Nunlius Sidereus) ; Besclircibung des kometen von 1618 (Nuremberg, 1619, in-4). Simon Marius a aussi donné une traduction allemande des six premiers livres d’Euclide (Ansbach, 1610, in-tol.). L.S.

MARIUS Victorinus, écrivain et grammairien latin de la seconde moitié du v° siècle de l’ère chrétienne. D’ori- gine africaine, il enseigna la rhétorique à Rome sous l’em- pereur Constance. Très savant, il s’occupa de philosophie et traduisit entre autres en latin l’introduction des Catégo- ries d’Aristote ; on cite de lui des commentaires sur les dialogues de Cicéron ; un livre, De Syllogismis hypothe- ticis ; son Ars grammaiica en six livres est entièrement consacré à la métrique, et n’est guère qu’une compilation. Converti sur le tard au christianisme, il écrivit aussi un commentaire sur les lettres de saint Paul, et une réfuta- tion Hps hérésies ariennes et manichéennes, renommés pour son obscurité. On lui a attribué également des vers sur des matières empruntées à la Bible, et différents ouvrages de grammaire, de métrique et de rhétorique. A. W.

Bibl. : Mione. Patrologie, t. VIII.— H. Kf.il, Gram. a t., VI. — V. Teuffel, Littérature latine.

MARIVAUX (Pierre Cari.f.t df. Ciiamblain de), né à Paris le ’. févr. 1688, auteur dramatique, romancier, journa- liste ; et l’un des rares écrivains de son temps dont l’his- toire se réduise à celle de leurs œuvres. Il fit des romans, des comédies ; il fréquenta chez M mo de Lamberl , chez M me de Tencin, chez les llelvétius ; il fut de l’Académie française ; et il mourut en 1763. Rien de plus simple, on le voit, ou de plus uni, comme on disait jadis ; point d’aventures dans sa vie, ni surtout de scandales ; et, contemporain de Voltaire et de Rousseau, ce n’est pas là sa moindre originalité, mais ce n’est pas la seule.

On a de lui cinq ou six romans, dont les deux plus