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Page:Lamontage - Par nos champs et nos rives, 1917.djvu/150

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les absents


À table, leur couvert est mis.
Parfois, on dirait que le père
Attend qu’ils soient tous réunis,
Pour servir, comme à l’ordinaire !…

Et la mère, sans prononcer
Leur nom chéri, rôde et s’attarde
Dans leur chambre, et sans se lasser,
D’un long regard d’amour, regarde

La chaise où, jadis chaque soir,
Paisiblement, à la même heure,
Les absents revenaient s’asseoir ;
Et la mère, en silence, pleure !…

— Ah ! vous êtes les plus aimés,
Absents chers que nul ne remplace,
Et, dans les lieux accoutumés,
Vous gardez toujours votre place !…

Au sein des foyers assombris,
Vous planez, grande ombre muette,
Et nos pauvres cœurs sont remplis
Par le vide que vous y faites !…