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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/197

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immense portée : c’était une face nouvelle du dogme de la Trinité : la co-éternité et la consubstantialité des trois personnes divines avaient été proclamées depuis longtemps par les conciles œcuméniques ; un moine de Jérusalem souleva la question de savoir si le Saint-Esprit procède du Fils comme du Père. L’Église d’Occident s’inquiéta fort d’une solution qu’indique la position des trois termes de la Trinité, et que donne bien plus nettement le sens intime de ce grand mystère : Smaragdus abbé de Saint-Mihiel, un des auteurs de la restauration des lettres en Gaule, établit l’affirmative, non par la métaphysique, mais par l’Écriture et les Pères, et le concile d’Aix-la-Chapelle ajouta, dans le symbole de Nicée, les mots Filioque au qui ex Patre procedit. L’empereur envoya à Rome son cousin Adalhard, abbé de Corbie, et l’évêque de Worms pour communiquer au pape cette grave innovation, qui avait un précédent. L’addition du Filioque avait été décrétée jadis en Espagne par le troisième concile de Tolède, et s’y était maintenue. Le pape, sans nier l’orthodoxie de l’opinion des prélats gallo-franks, s’efforça de leur faire retirer le Filioque du Symbole, et déclara toute innovation illégitime. On ne l’écouta pas plus qu’on n’avait écouté son prédécesseur dans l’affaire du culte des images, et le Filioque resta dans le Symbole, où on le chante encore de nos jours. Rome finit par suivre la Gaule. La Gaule franke, succédant dignement à cette Gaule romaine qui avait tant