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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/205

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que des fils doivent à leur père, ils l’avertiraient qu’il transgresse ces constitutions, qu’il se parjure ; et on le prierait de les conserver.

« Telles sont ces réformes si curieuses et si peu connues. Elles étaient ultramontaines par rapport aux princes et aux fidèles. Le Saint-Siége continuait d’interdire aux princes toute immixtion dans la nomination aux bénéfices ou dans la juridiction ecclésiastique. On y sent une hostilité absolue contre les tendances du concile de Bâle et le système des pragmatiques. En cela, Bessarion était conséquent avec lui-même et se souvenait de son rôle à Florence et dans les conférences avec les hussites. Ces réformes étaient en même temps républicaines par rapport au pape. Les cardinaux se constituaient en une sorte de cour consultative, de seigneurie analogue à celle de Venise. Si elles avaient été appliquées, le pape n’aurait plus été qu’un souverain constitutionnel obligé de prendre en toute circonstance l’avis de la curie, une sorte de doge ecclésiastique, présidant aux réceptions et aux cérémonies, le premier en honneur mais non en pouvoir, et n’ayant, dans le conseil des Vingt-Quatre, qu’une autorité égale à celle du moindre cardinal. Entre Rome et Venise, il n’aurait plus existé d’autre différence que celle d’un gouvernement ecclésiastique et d’un gouvernement laïque. Si cette charte de réformes avait été appliquée, les conséquences en eussent été incalculables. Les mœurs mauvaises, le luxe exagéré de la cour de Rome auraient disparu. Plus de cardinaux-nés, plus de népotisme, plus de trafic des charges, plus de procès ni de saisies arbitraires. Quelle force eût acquis la papauté ! comme elle eût été armée pour lutter contre la Réforme ! Combien les Luther et les Calvin auraient eu plus de chances d’échouer ! Combien la tâche du concile de Trente eût été simplifiée. »