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Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome II.djvu/101

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DICTIONNAIRE

Louis fut chargé de construire, à Rouen, un théâtre qu’il commença, mais que la Révolution ne permit pas de continuer. On a vu longtemps dans cette ville, rue de Fontenelle et rue de Crosne, les amorces d’un portique rappelant, par son ordonnance, celui du Théâtre-Français de Paris. On sait que Louis exécuta à Bordeaux des travaux nombreux et considérables. En 1773, le 23 avril, il arrivait dans cette ville pour présenter les plans du Grand-Théâtre, lesquels furent approuvés le 18 mai suivant. Il commença la construction de cet édifice en 1775. Au mois d’avril 1776 il fut chargé de l’organisation des fêtes données à l’intendance de Bordeaux pour la réception du duc et de la duchesse de Chartres, dont il devint plus tard l’architecte. Indépendamment du Grand-

    struit économiquement, comme il convenait à un édifice provisoire ; on y avait ménagé des boutiques sur la façade latérale afin d’augmenter le produit de l’immeuble, et sans tenir compte de cette considération qu’on multipliait en même temps ainsi les chances d’incendie. (C’est ce qu’a fait dans ces derniers temps l’administration municipale de Paris pour le théâtre du Châtelet et le Tribunal de Commerce, mais sans avoir, pour cette déplorable combinaison, l’excuse d’une entreprise particulière qui, naturellement, comme c’est son droit, peut sacrifier au lucre tout intérêt d’art ou d’ordre public.) Ce théâtre ayant été, en 1820, témoin de l’assassinat du duc de Berry, il fut condamné à disparaître du lieu qui avait été souillé par ce crime. Debret fut chargé de le démolir et de le reconstruire rue Le Peletier. Heureusement cet artiste se contenta de reproduire purement et simplement l’œuvre de Louis, ce qui nous permet aujourd’hui d’admirer cette salle de spectacle dont l’ordonnance est si grande et si belle ! L’Opéra actuel est menacé il son tour d’une destruction prochaine, néanmoins l’œuvre de Louis ne sera pas pour cela anéantie ; l’habile architecte du Nouvel Opéra, plus désireux de bien faire que d’innover, s’est approprié judicieusement la savante disposition et les grandes lignes de ce magnifique vaisseau ; un reflet du génie de Victor Louis se retrouvera donc encore dans le monument définitif auquel le nom de Charles Garnier doit rester glorieusement attaché.