Page:Lancereau - Hitopadésa, 1882.djvu/33

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communes à l’homme et à la bête : la vertu, voilà ce qui les distingue ; sans la vertu, l’homme ressemble à la brute. »

« L’existence de l’homme qui ne connaît ni la vertu, ni l’intérêt, ni le plaisir, ni la délivrance finale, est aussi inutile que ces faux mamelons qui pendent au cou de la chèvre[1]. »

Mais, dit-on,

« La durée de la vie, les œuvres, la fortune, la science, et la mort elle-même, sont cinq choses créées pour l’être animé pendant qu’il est encore dans le sein de sa mère. »

« Les êtres supérieurs eux-mêmes ont une condition d’existence qui leur est marquée et à laquelle ils ne peuvent se soustraire : ainsi, Nîlakantha est nu, et Hari dort sur le grand serpent. »

« Ce qui ne doit pas arriver n’arrive pas ; si une chose doit arriver, il ne peut pas en être autrement. Ce raisonnement est un antidote qui détruit le poison des soucis : pourquoi n’en pas faire usage ? »

  1. Il y a dans le Bengale une espèce de chèvres auxquelles on donne le nom de Galastanî, c’est-à-dire qui a des mamelles à la gorge. Ces chèvres ont, sous le cou, de petites excroissances de chair qui ressemblent à des mamelles. C’est à cette espèce qu’il est fait allusion dans ce passage.