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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/12

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vigueur nouvelle. Il y a la même distance entre l’idéalisme critique des successeurs de Kant, et l’idéalisme dogmatique des siècles précédents, entre la métaphysique de Hegel et celle de Leibniz, qu’entre le matérialisme de Gassendi et celui de Dühring par exemple.

Quoi qu’il en soit, il semblait bien, vers 1860, que les enseignements de Büchner, de Moleschott, de Vogt avaient momentanément réduit au silence ceux des modernes représentants de l’idéalisme. Par un étrange retour de fortune, ce n’était plus de la France ni de l’Angleterre, mais de l’Allemagne, de la patrie traditionnelle de l’idéalisme, que sortaient les coryphées du matérialisme nouveau. On était tenté de désespérer d’une cause que ses défenseurs ordinaires eux-mêmes abandonnaient. C’est alors que parut l’Histoire du matérialisme de Lange.

L’auteur entreprenait, sans doute, d’expliquer par la vérité relative du matérialisme la fortune persistante de ce système ; de démontrer l’une et l’autre par l’histoire et par la critique. Mais il prétendait établir aussi que le plus parfait achèvement du matérialisme en est la réfutation la plus invincible, et que cette philosophie est fatalement condamnée à s’ensevelir dans son triomphe lui-même.

Il ne s’agissait pas moins pour lui de faire leur part à la science et à la philosophie, de réconcilier ces deux sœurs ennemies, dont l’antagonisme ignoré du passé est devenu le trouble et le péril des intelligences dans le présent. Ni l’école de Platon et d’Aristote, ni celle de Descartes n’avaient connu ce divorce. Mais, à mesure que la science et la spéculation philosophique se perfectionnaient, la différence de leurs méthodes et de leurs principes devait s’accuser