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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/132

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monde des organismes. Il s’en sert non-seulement pour montrer dans la graine la possibilité réelle de l’arbre, non-seulement pour avoir des prototypes de sa classification par genres et espèces, et comme des pièces justificatives de sa téléologie, etc., mais encore et surtout pour établir, par la comparaison des organismes inférieurs et supérieurs, que tout, dans le monde, peut se graduer d’après sa valeur relative. Ce principe, Aristote ne manque pas ensuite de l’appliquer aux relations les plus abstraites, celles du haut et du bas, de la droite et de la gauche, etc. Il paraît même convaincu que tous ces rapports hiérarchiques existent non-seulement dans l’esprit de l’homme, mais encore dans la nature des choses. — Ainsi partout la généralité est expliquée d’après le cas spécial, le facile d’après le difficile, le simple d’après le composé, le bas d’après le haut, et c’est précisément sur cette donnée que repose en grande partie la popularité du système aristotélique ; car l’homme qui connaît mieux que tout, les états subjectifs de sa pensée ou de sa volonté, est toujours porté à regarder comme simples et clairs les rapports de causalité qui relient ses pensées et ses actes au monde matériel, confondant ainsi la succession évidente de ses sensations internes et des faits externes avec le jeu secret des causes efficientes. Socrate pouvait aussi regarder comme quelque chose de simple, par exemple, la « pensée et le choix », qui déterminent les actions humaines en vertu du principe de la finalité. Le résultat d’une décision ne lui semblait pas moins simple ; et les fonctions des nerfs et des muscles devenaient pour lui des circonstances accessoires et indifférentes. Les choses de la nature paraissent manifester une finalité : elles naissent donc aussi de l’action si simple et si naturelle de la pensée et du choix. Ainsi se forme l’idée d’un créateur semblable à l’homme, mais infiniment sage, idée qui sert de base à une conception optimiste de l’univers.

Sans doute, Aristote a fait un progrès notable, par la manière dont il se représente l’action des causes finales (voir