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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/143

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de sa vie, par sa personnalité, Aristote appartient déjà à la période de transition ; mais, comme il s’appuie sur Socrate et sur Platon, il se rattache encore à la période précédente. Quelles étroites relations entre la morale et l’idée gouvernementale ne trouve-t-on pas encore dans les écrits de Platon et d’Aristote ! Les réformes radicales dans l’État tel que l’entendait Platon sont consacrées, comme les discussions conservatrices de la politique d’Aristote, à un idéal de gouvernement qui doit opposer une solide barrière à l’envahissement de l’individualisme.

Mais l’individualisme était la maladie du temps. Nous voyons apparaître, maintenant, des hommes d’une trempe toute différente, qui s’emparent de la direction des esprits. Ce sont encore les postes avancés du monde grec qui fournissent à la nouvelle époque le plus grand nombre d’éminents philosophes ; ceux-ci ne sortent pas cette fois des antiques colonies de l’Ionie et de la Grande-Grèce, mais principalement des contrées où le génie grec est entré en relation avec des civilisations étrangères, presque toutes orientales (56). L’amour des recherches positives dans l’étude de la nature se manifeste de nouveau avec une plus grande énergie durant cette période, mais la physique et la philosophie commencent à se séparer. Bien que dans l’antiquité il ne soit jamais élevé, entre l’étude de la nature et la philosophie, une opposition aussi tranchée et aussi constante que dans les temps modernes, cependant les grands noms ne sont plus les mêmes dans ces deux sciences. Les naturalistes, tout en se rattachant à une école de philosophie, prennent l’habitude de se réserver une liberté plus ou moins grande. Les chefs des écoles philosophiques, de leur côté, ne sont plus des investigateurs de la nature, mais se bornent à défendre, à enseigner leurs propres systèmes.

Le point de vue pratique, que Socrate avait fait prévaloir dans la philosophie, s’unit alors à l’individualisme et ne fit que s’accentuer davantage, car les points d’appui que la reli-