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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/150

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corps célestes eux-mêmes ne dérive pas du désir ou de l’impulsion d’un être divin. Les corps célestes n’étaient pas des êtres divins ; mais tout était réglé suivant un ordre éternel qui produisait alternativement la naissance et la mort.

Rechercher la cause de cet ordre éternel est le but de celui qui étudie la nature, et c’est dans la connaissance de cette cause que les êtres périssables trouvent leur félicité.

La simple connaissance historique des phénomènes naturels sans la constatation des causes n’a aucune valeur ; car elle ne nous délivre pas de la crainte et ne nous élève pas au-dessus de la superstition. Plus nous avons trouvé de causes de changements, plus nous ressentons le calme de la contemplation. On ne doit pas croire que ces études n’exercent aucune influence sur la félicité. Car la plus grande inquiétude, qui agite le cœur humain, provient de ce que nous regardons les choses terrestres comme des biens impérissables et propres à assurer notre félicité : voilà pourquoi nous tremblons devant tout changement qui vient contrarier nos espérances. Quiconque considère les vicissitudes des choses comme faisant nécessairement partie de leur essence, est évidemment exempt de cette frayeur.

D’autres craignent, d’après les anciens mythes, un avenir éternellement malheureux ; ou, s’ils sont trop sensés pour éprouver une pareille crainte, ils redoutent du moins, comme un mal, la privation de tout sentiment produite par la mort et se figurent que l’âme peut encore souffrir de cette insensibilité.

Mais la mort est pour nous une chose indifférente, par cela même qu’elle nous enlève tout sentiment. Tant que nous existons, la mort n’est pas encore là ; mais, quand la mort est là, nous n’y sommes plus. Or on ne peut craindre l’approche d’une chose qui en elle-même n’a rien d’effrayant. C’est assurément une folie encore plus grande de vanter une mort prématurée, que l’on est d’ailleurs toujours à même de se donner. Il n’y a plus de mal dans la vie pour celui qui s’est