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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/224

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et impénétrables contribua aux progrès de l’astronomie et de la chimie ; d’un autre côté, ces études ardues et mystérieuses présupposaient nécessairement déjà par elles-mêmes la croyance que les événements suivent une marche régulière et sont gouvernés par des lois éternelles. Or cette croyance fut un des grands ressorts scientifiques de la culture progressive, qui relia les temps modernes au moyen âge.

Parlons ici surtout de la médecine, qui, de nos jours, est devenue en quelque sorte la théologie des matérialistes. Cette science fut cultivée par les Arabes avec une ardeur toute particulière (20). Fidèles, sur ce point aussi, aux traditions des Grecs, ils voulurent cependant suivre une méthode originale d’observation exacte ; et ils développèrent notamment la physiologie, si étroitement liée aux questions qui intéressent le matérialisme. Chez l’homme, dans le règne animal, dans le règne végétal, partout dans la nature organique, l’intelligence subtile des Arabes étudia non-seulement les caractères particuliers des êtres, mais encore l’histoire de leur développement, depuis la naissance jusqu’à la mort, c’est-à-dire précisément les questions qui alimentent la conception mystique de la vie.

On sait que de bonne heure naquirent des écoles médicales dans cette partie de l’Italie méridionale ou des populations chrétiennes, d’une culture supérieure, se trouvèrent en contact avec les Sarrasins. Dès le XIe siècle, le moine Constantin professait la médecine au monastère du Mont-Cassin. Cet homme, que ses contemporains surnommèrent le second Hippocrate, après avoir parcouru tout l’Orient, consacra ses loisirs à traduire de l’arabe des traités de médecine. Au Mont-Cassin, plus tard à Naples et à Salerne, s’élevèrent ces célèbres écoles, où accoururent en foule les Occidentaux, désireux de s’instruire (21).

Remarquons bien que sur le même sol était né, pour la première fois en Europe, cet esprit de libre pensée, qu’il ne faut pas confondre avec le matérialisme érigé en système,