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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/268

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la nature, Vivès, dans sa psychologie, ne traite que rarement de la vie ; quand il le fait, c’est pour communiquer ses propres observations ou celles d’autrui. Le chapitre de l’immortalité de l’âme sent le rhéteur plus que le philosophe ; suivant une méthode encore en vogue aujourd’hui, il se figure, avec les arguments les plus superficiels, avoir remporté une victoire décisive. Cependant Vivès était une des intelligences les plus lumineuses de son temps ; sa psychologie, notamment en ce qui concerne les passions, est riche en remarques fines et en traits ingénieux.

L’honorable naturaliste de Zurich, Conrad Gessner, écrivit aussi vers ce temps une psychologie, intéressante pour le fond comme pour la forme. Après un résumé très-concis, en forme d’index, de toutes les opinions possibles émises sur la nature de l’âme, l’auteur arrive par une brusque transition à un exposé détaillé de la théorie des sens. Ici Gessner se sent sur son terrain et il se complaît à faire des dissertations physiologiques qui renferment des parties très-profondes. Mais on éprouve une impression étrange quand, dans la première partie de cet opuscule, on se voit en face de l’effroyable chaos des idées et des opinions émises relativement à l’âme. « Quelques-uns, dit Gessner avec une inaltérable placidité, prétendent que l’âme n’est rien ; d’autres en font une substance (53). »

De toutes parts, on voit l’antique tradition aristotélique ébranlée, de nouvelles opinions émises, des doutes provoqués ; et probablement la littérature n’est qu’un pâle reflet du mouvement des esprits. Mais bientôt la psychologie qui, à partir de la fin du XVIe siècle, fut remaniée un nombre de fois incroyable, redevint systématique ; et à la fermentation de la période de transition, succéda une scholastique dogmatique, qui avait pour but principal de se conformer aux enseignements de la théologie.

Mais, tandis que la théologie était encore seule maîtresse du terrain psychologique et que des luttes furieuses étouf-