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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/301

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oublia peu à peu, il prit, dans son premier voyage avec le jeune lord, une légère teinture des langues française et italienne. S’apercevant partout que les hommes intelligents dédaignaient la logique scolastique, il l’abandonna complètement ; mais, en revanche, il se remit avec ardeur au latin et au grec, qu’il étudia à un point de vue plus humaniste. Son esprit positif, déjà tourné vers la politique, le guida dans ces nouvelles études.

Lorsque commencèrent à gronder les orages qui précédèrent l’explosion de la révolution anglaise, il traduisit (1628) Thucydide en anglais, avec le but formel de détourner ainsi ses compatriotes des folies démocratiques, en leur montrant dans les destinées d’Athènes, comme dans un miroir, les destinées de l’Angleterre. Alors était répandue une erreur dont on n’est pas encore complètement guéri de nos jours, c’est que l’histoire peut donner un enseignement direct, et qu’il est permis de prendre les leçons qu’elle fournit pour les appliquer aux circonstances les plus différentes. Le parti, auquel Hobbes se rattacha, était évidemment légitimiste et conservateur, quoique ses opinions personnelles et la fameuse théorie, qu’on en avait déduite, fussent, en réalité, diamétralement opposées à toute espèce de conservatisme (15).

Ce ne fut qu’en 1629, durant un voyage en France avec un autre jeune noble, que Hobbes commença à étudier les éléments d’Euclide, pour lesquels il éprouva bientôt une véritable prédilection. Il avait déjà quarante et un ans, et, quoique débutant alors seulement dans l’étude des mathématiques, il ne tarda pas à être au niveau des plus savants mathématiciens ; cette science le conduisit à son matérialisme mécanique et logique.

Deux ans plus tard, dans un nouveau voyage en France et en Italie, il commença à Paris l’étude des sciences naturelles ; et immédiatement il se proposa de résoudre un problème, dont l’énoncé seul décèle déjà une tendance au matérialisme