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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/346

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dans le treizième chapitre de cette dissertation : « J’ai dit, à plusieurs reprises, que les deux enseignements sont aujourd’hui aussi fréquents qu’ils l’ont jamais été, bien qu’on ne les distingue pas aussi ouvertement ni aussi formellement que le faisaient les anciens. Cela me rappelle une anecdote que me conta un proche parent de lord Shaftesbury. Celui-ci s’entretenant un jour avec le major Wildmann sur les nombreuses religions du globe, tous deux convinrent finalement que, malgré les innombrables dissidences créées par l’intérêt des prêtres et l’ignorance des peuples, les hommes sages et sensés appartenaient néanmoins tous à la même religion. Une dame, qui jusqu’alors avait paru plus occupée de son travail que de la conversation, demanda avec quelque inquiétude quelle était cette religion. « Madame, lui répondit aussitôt lord Shaftesbury, c’est ce que les hommes sages ne disent jamais ». — Toland approuve le procédé, mais croit pouvoir indiquer un moyen infaillible de vulgariser la vérité : « Qu’on permette à chacun d’exprimer librement sa pensée, sans jamais le flétrir ou le punir, à moins qu’il ne commette des actes impies ; chacun pouvant approuver ou réfuter à son gré les théories émises, on sera sûr alors d’entendre toute la vérité ; mais, tant qu’on n’agira pas ainsi, on en aura tout au plus de parcelles. »

Toland lui-même a exposé assez nettement sa doctrine ésotérique dans le Pantheistikon, publié sans nom d’auteur (« Cosmopolis, 1720 »). Il y demande, en éliminant toute révélation, toute croyance populaire, une religion nouvelle qui soit d’accord avec la philosophie. Son Dieu est l’univers, d’où proviennent toutes choses et où toutes choses rentrent. Son culte s’adresse à la Vérité, à la Liberté et à la Santé, les trois biens suprêmes du sage. Ses saints et Pères de l’Église sont les esprits éminents, les principaux écrivains de tous les temps, principalement de l’antiquité classique ; mais ce ne sont pas des autorités qui aient le droit de diminuer la liberté de l’esprit humain. Dans la liturgie socratique, le président