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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/352

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ples de Gassendi, dont il suivit la voie. Sans doute Newton et Boyle replacèrent la machine matérielle de l’univers sous la direction d’un créateur immatériel ; mais la conception mécanique et matérielle des phénomènes de la nature poussait des racines d’autant plus fortes qu’on pouvait se mettre d’accord avec la religion en invoquant l’inventeur divin de la grande machine. Ce mélange singulier de foi religieuse et de matérialisme (1) s’est conservé en Angleterre jusqu’à nos jours. On n’a qu’à se rappeler le pieux sectaire Faraday, qui fut redevable de ses grandes découvertes principalement à la vive imagination avec laquelle il se représentait les phénomènes de la nature, et à la logique avec laquelle il sut appliquer le principe mécanique dans toutes les questions de physique et de chimie.

L’Angleterre eut aussi ses matérialistes particuliers vers le milieu du XVIIIe siècle pendant que, sur le continent, les matérialistes français passionnaient les esprits. Le médecin David Hartley publia, en 1749, un ouvrage en deux volumes qui fit sensation. Il portait le singulier titre : Considérations sur l’homme, sa structure, ses devoirs et ses espérances (2). L’auteur entendait par ce dernier mot les « espérances » d’une vie future. Ce livre contient une partie physiologique ou, si l’on veut, psychologique et une partie théologique ; c’est surtout cette dernière qui émut l’opinion. Hartley était versé dans les questions théologiques. Fils d’un ecclésiastique, il aurait lui-même suivi la vocation de son père, si sa répugnance pour les 39 articles ne l’eût poussé vers la médecine. Il n’était donc point « hobbiste » en matière de religion, sans quoi cette répugnance n’aurait pas constitué un obstacle. Son livre nous fait connaître ses scrupules ; il y défend les miracles ainsi que la Bible ; il y parle, au long, de la vie future, mais il révoque en doute l’éternité des peines de l’enfer ! C’était saper la hiérarchie à sa base, et jeter en même temps une ombre fâcheuse d’hérésie sur toutes ses autres opinions.

Dans la partie physiologique de son ouvrage, Hartley