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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/354

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mécanisme qui, mis en mouvement par une cause extérieure, doit fonctionner jusqu’au bout, d’après les lois du monde matériel (4). On n’arrive pas tout d’un coup à la pensée hardie de Kant, qu’une série d’actes peut être absolument nécessaire comme phénomène, tandis que comme « chose en soi », elle repose sur la liberté. Quand il s’agit des fonctions du cerveau, la nécessité s’impose inévitablement, et la nécessité de l’action psychologique en est la conséquence immédiate. Hartley reconnut cette conséquence ; mais il prétend ne l’avoir reconnue qu’après s’être occupé pendant plusieurs années de la théorie des associations, et ne l’avoir acceptée qu’avec répugnance. Ainsi un point, que Hobbes traita avec une entière clarté et sans aucune préoccupation ; un point que Leibnitz élucida dans le sens d’un judicieux déterminisme, sans rien y trouver d’hostile à la religion, embarrassa beaucoup le « matérialiste » Hartley. Il se défend en disant qu’il ne nie pas le libre arbitre dans les actes, c’est-à-dire la responsabilité. Avec un zèle encore plus grand, il cherche à prouver qu’il reconnaît aussi l’éternité réelle des peines de l’enfer, c’est-à-dire leur durée immensément prolongée et leur extrême intensité, qui suffisent pour effrayer les pécheurs et pour faire apparaître comme un bienfait incomparable le salut promis par l’Église.

L’ouvrage principal de Hartley a été traduit en français et en allemand, mais avec une différence remarquable. L’un et l’autre traducteur trouvent que l’ouvrage se compose de deux parties hétérogènes ; toutefois l’allemand regarde la partie théologique comme la plus importante, et ne donne qu’un extrait fort concis de la théorie des associations (5) ; le français s’attache surtout à l’explication des fonctions psychologiques et laisse la théologie de côté (6). La voie du traducteur français fut suivie par le successeur de Hartley, par Priestley, qui plus hardi que son devancier et quoique théologien lui-même, élimina complètement, lui aussi (7), la partie théologique, en romanisant l’ouvrage de Hartley. Priestley eut, à la vérité,