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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/563

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à qui la liberté religieuse devrait être accordée, voir Hettner, I, p. 159 et suiv.

78 [page 291]. Voir sur Toland, notamment en ce qui concerne son premier écrit, rédigé tout à fait dans le sens de Loeke, Christianity not mysterious (1696)[1]. — De la Liturgie socratique Hettner cite[2] « les passages les plus frappants ». C’est aussi avec raison que Hettner a montré les rapports entre le déisme anglais et la société des francs-maçons. Remarquons encore que Toland fait de son culte des « panthéistes » le pendant de la philosophie ésotérique des anciens, c’est-à-dire le culte d’une société secrète d’illuminés. Il permet aux initiés de partager jusqu’à un certain point les idées grossières du peuple, composé, comparativement à eux, d’un ramassis d’enfants en tutelle, pourvu qu’ils réussissent à rendre le fanatisme inoffensif par leur influence sur le gouvernement et la société. Ces idées sont exprimées particulièrement dans le post-scriptum « de duplici Pantheistarum philosophia ». Citons ici un passage caractéristique du 2e chapitre de ce post-scriptum[3] : « At cum Superstitio semper eadem sit vigore, etsi rigoro aliquando diversa ; cumque nemo sapiens eam penitus ex omnium animis evellere, quod nullo pacto fieri potest, incassim tentaverit : faciet tamen pro viribus, quod unice faciendum restat ; ut dentibus evulsis et resectis unguibus, non ad lubitum quaquaversum noceat hoc monstrorum omnium pessimum ac perniciosissimum. Viris principibus et politicis, hac animi dispositione imhutis, acceptum referri debet, quidquid est ubivis hodie religiosæ libertatis, in maximum litterarum, commerciorum et civilis concordiæ emolumentum. Superstitiosis aut simulatis superum cultoribus, larvatis dico hoininibus aut meticulose piis, debentur dissidia, secessiones, muletæ, rapinæ, stigmata, incarcerationes, exilia et mortes. » (« Mais la superstition ayant toujours la même vigueur, bien que sa cruauté varie quelquefois, le sage n’essayera pas, en pure perte, de l’arracher de toutes les âmes, ce qui est absolument impossible ; il devra cependant s’efforcer de faire la seule chose possible : arracher les dents et couper les griffes à ce monstre, de tous le plus méchant et le plus pernicieux, pour l’empêcher de nuire en quelque lieu que ce soit et au gré de ses caprices. C’est aux princes et aux hommes d’État, pénétrés de ces sentiments hostiles à la superstition, que l’on est redevable de la liberté religieuse, partout où elle existe, au grand profit des lettres, du commerce et de la sociabilité. Quant aux superstitieux, aux adorateurs hypocrites des dieux, aux hommes masqués ou pieux par crainte, ils sont

  1. Hettner, Literaturgesch. d. XVIII Jahrh., I. p. 110 et suiv.
  2. Ibid., p. 180 et suiv.
  3. Pantheistikon, Cosmopoli, 1720, p. 79 et suiv.