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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/143

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l’effet d’ensemble de la vie de l’âme. À ces deux principes il en ajoute un troisième : les formes organiques fondamentales, composées de groupes d’atomes solidement liés les uns aux autres de toute éternité et par le concours desquels on peut expliquer les organismes dans le mécanisme des faits. On comprend qu’avec de pareilles opinions Czolbe ne put faire aucun usage de la doctrine de Darwin. Il avouait que le principe de Darwin explique ingénieusement et heureusement certaines modifications dans l’état des organismes ; mais il ne pouvait s’approprier la théorie de la descendance.

Ces difficultés inhérentes à son système et sa trop grande propension à entasser hypothèses sur hypothèses (63) diminuent l’importance d’un essai philosophique destiné à intéresser vivement par son point de départ moral et la connexion de sa théorie avec son principe moral. Déjà dans la Formation de la conscience, Czolbe dit avec la franchise qui le caractérise : « Je puis bien me figurer comment on… me jugera ; car il me semble à moi-même que les conséquences auxquelles le principe m’a forcément conduit, m’ont fait entrer dans un monde d’idées féerique. » (Ibid., p. 53.) — À cet aveu des points faibles de sa propre conception se joignait chez lui une tolérance extrême pour les opinions d’autrui. « Jamais, disait-il dans l’ouvrage qu’il publia en 1865, je n’ai partagé la conviction des représentants les plus connus du matérialisme, d’après lesquels c’est la puissance des faits établis par les sciences physiques qui nous impose, quand nous pensons, le principe de l’exclusion de tout surnaturel. J’ai toujours été persuadé que les faits de l’expérience externe et interne se prêtent à bien des interprétations diverses, et peuvent aussi, avec un droit incontestable et sans aucune infraction à la logique, s’expliquer théologiquement ou spirituellement par l’hypothèse d’un deuxième monde. » Il dit ailleurs : « R. Wagner déclarait un jour que ce n’était pas la physiologie qui le forçait à admettre une