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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/175

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devons trouver très-peu vraisemblable qu’elle n’existe que là, et non pas plutôt dans le caractère de la connaissance elle-même.

Ce n’est pas sans raison que nous rencontrons ici un point auquel se rattachent les spéculations les plus diverses. Du Bois-Reymond rejette l’idée d’une « âme du monde » en disant que, dans la structure de l’univers, nous n’apercevons aucune analogie avec la structure du cerveau humain (p. 32). Cet argument est assez fort contre toute représentation anthropomorphe de cette âme de l’univers, mais non pas contre l’idée sous une forme générale. D’autres conceptions, comme par exemple l’identification, par Schopenhauer, de la volonté et de l’impulsion motrice ; « l’éther du monde », avec lequel Spiller (6) entre en campagne contre Du Bois-Reymond ; la matière, d’Ueberweg, capable de sentir, etc., peuvent être éconduites comme spéculations transcendantes ; mais le terrain sur lequel croissent ces spéculations reste et, sous le point de vue négatif, nous pouvons répondre avec assurance nous ne savons rien du monde mort, muet et silencieux des atomes vibrants, si ce n’est qu’ils constituent pour nous une représentation (Vorstellung) nécessaire, quand nous voulons exposer scientifiquement l’enchaînement causal des phénomènes. Cependant comme nous avons vu, dans un passage, que cette représentation nécessaire n’explique pas les données immédiates de l’expérience, savoir nos sensations, mais seulement un certain ordre dans leur naissance et leur disparition, nous devons comprendre que cette représentation, d’après toute sa nature et ses principes nécessaires, n’est pas propre à nous révéler l’essence dernière, intime des choses.

On obtient tout à fait le même résultat quand on prend pour point de départ la force et la matière. Il est facile de montrer que la physique théorique, qui s’appuie sur toute représentation donnée, a devant elle encore une