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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/181

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d’un appui étranger. Si cependant il existait un motif suffisant quelconque pour maintenir néanmoins l’idée d’atomes, le monde matériel serait encore un monde de la représentation, et la conjecture que, derrière les deux mondes corrélatifs, le monde matériel et le monde de la sensation, il en existe un troisième, inconnu, cause commune de tous deux, cette conjecture nous ferait pénétrer plus avant (dans la vérité) que la simple identification (des deux autres mondes).

Nous voyons donc comment l’étude approfondie de la nature nous fait, sans contredit, par ses propres conséquences, dépasser le matérialisme. Maiscela n’arrive jamais que lorsque nous sommes forcés de concevoir le monde entier de l’étude de la nature comme un monde de phénomènes, à côté duquel les phénomènes de la vie spirituelle, malgré leur dépendance apparente de la matière, conservent une essence étrangère et hétérogène. En prenant d’autres points de départ, comme, par exemple et notamment la physiologie des organes des sens, on arrive à constater la même limite de la connaissance de la nature ; mais on ne peut trouver, dans toute la conception mécanique de l’univers, aucun point qui ne puisse s’accommoder de l’existence de cette limite et qui permette d’établir l’inexactitude de la conception mécanique par des recherches matérielles approfondies. En général, les critiques que l’on a pu faire du haut du tribunal d’une érudition compétente contre le « dilettantisme » des matérialistes, ou bien n’ont pas de solidité, ou bien n’atteignent pas l’essence du matérialisme, mais tout au plus une assertion fortuite d’un de ses adhérents.

Cela est vrai notamment de quelques-unes des sorties que Liebig s’est permises contre les matérialistes dans ses Lettres sur la chimie. Il dit par exemple dans la 23e lettre « Les recherches exactes dans la science de la nature ont démontré qu’à une certaine période la terre possédait une température où toute vie organique est impossible ; car à