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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/198

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solitaires, clandestins, etc., sans doute avec le désir confus de pouvoir démontrer ses idées favorites. À notre avis, il est probable, pour ne pas dire certain, qu’une idée le guida dans ses recherches. Sa théorie de la chaleur, par exemple, que Liebig révèle d’une façon si impitoyable, à tout l’air d’une opinion préconçue.

En surchargeant sa théorie de la démonstration d’idées superflues, Bacon décèle les funestes influences de la scholastique qu’il combattait ; toutefois ce ne furent pas ses idées fantastiques qui l’empêchèrent de faire des recherches fructueuses ce fut son manque absolu des qualités, qui seules rendent apte aux recherches. Bacon eût été aussi incapable de publier une édition critique d’un auteur ancien que d’instituer une expérience régulière  (10).

Les idées fécondes ont précisément pour caractère distinctif de ne se développer, en règle générale, que lorsque l’esprit s’occupe avec profondeur et persévérance d’un sujet déterminé ; or un semblable travail peut être fécond, même quand il n’est pas guidé par des théories. Copernic consacra sa’vie entière à l’étude des corps célestes ; Sanctorius, à sa balance. Le premier était guidé par une théorie, à laquelle depuis de longues années la philosophie et l’observation l’avaient conduit. Mais, de son côté, Sanctorius n’était-il pas aussi un savant (11) ?