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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/200

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de l’antiquité « représentations capricieusement spéculatives » (12). En réalité l’atomistique est encore, de nos jours, ce qu’elle était à l’époque de Démocrite. Aujourd’hui encore elle conserve son caractère métaphysique, et déjà dans l’antiquité elle servait comme hypothèse physique à l’explication des phénomènes observés dans la nature. De même que l’enchaînement de notre atomistique avec celle des anciens est constaté par l’histoire, de même l’immense progrès réalisé dans la théorie actuelle des atomes est né graduellement des influences réciproques de la philosophie et de l’expérience. Sans doute c’est le principe fondamental des sciences modernes, la critique, qui opère ce développement fécond par son concours avec l’atomistique.

Robert Boyle, « le premier chimiste dont les travaux n’aient poursuivi que le noble but d’étudier la nature » parcourut, dès son jeune âge, le continent pour s’instruire, juste au moment où s’allumait la querelle scientifique de Gassendi et de Descartes. Lorsqu’il s’établit à Oxford, en 1654, pour consacrer désormais sa vie à la science, l’atomistique avait déjà recouvré sa vogue comme théorie métaphysique. Mais ce fut précisément la science, à laquelle Bbyles’était voué, qui se débarrassa le plus lentement des entraves du mysticisme du moyen âge et de la conception aristotélique. Boyle introduisit les atomes dans la science qui a fait le plus grand usage de cette théorie ; mais ce même Boyle montra déjà, par le titre de son Chemista scepticus (1661), qu’il était entré dans les voies de la science exacte, où, pas plus que la pierre philosophale, les atomes ne peuvent constituer un article de foi.

Les atomes de Boyle sont presque les mêmes que ceux d’Ëpicure, tels que Gassendi les a fait rentrer dans la science. Ils ont encore des formes différentes qui influent sur la stabilité ou l’inconsistance des combinaisons. Un mouvement violent tantôt rompt la cohésion de certains atomes, tantôt en réunit d’autres qui, comme dans l’atomistique ancienne,