Aller au contenu

Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donc ici encore qu’avec l’apparition de la forme qu’est donné l’organisme comme individu, tandis qu’auparavant existait seulement la matière informe (61). » Cette proposition touche de près à Aristote. La forme constitue l’essence de l’individu ; si cela est vrai, on peut aussi la nommer substance, même quand, par une nécessite naturelle, elle résulte des propriétés de la matière. Mais, examinées à la lumière, ces propriétés ne sont, à leur tour, que des formes qui, par leur réunion, donnent naissance à des formes supérieures. La forme est aussi le vrai noyau logique de la force, si l’on sépare de l’idée de force la conception accessoire et fausse d’une puissance impérieuse, analogue à celle de l’homme. Nous ne voyons que la forme, de même que nous ne ressentons que la force. Examinez la forme d’une chose, vous en avez l’unité ; faites abstraction de la forme, vous avez la multiplicité ou la matière, comme nous l’avons exposé dans le chapitre de la scolastique.

Vogt fait ressortir, plus purement en théorie, l’idée métaphysique d’unité ; Virchow s’attache de préférence ai l’idée physiologique, à la communauté du but de la vie, et cette idée nous montre très-clairement la relativité de l’opposition entre l’unité et la multiplicité. Dans le règne végétal, je puis considérer comme unité, non-seulement la cellule et la plante entière, mais encore la branche, la pousse, la feuille, le bourgeon. Des raisons pratiques nous permettent de regarder comme individu la pousse isolée qui peut, en qualité de marcotte, mener une existence distincte ; alors chaque cellule n’est qu’une partie de la pousse et la plante, une colonie. Toutefois la différence est relative. Si chaque cellule d’une plante supérieure ne peut mener une existence distincte sans rester dans l’entourage des autres cellules, la marcotte ne le peut pas davantage, sans avoir ses racines soit dans la plante, soit dans le sol. La vie n’est possible, au total, que dans la connexion avec un entourage conforme à la nature, et l’idée d’une vie distincte est une abstraction pour