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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/289

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ditions relatives de l’existence des espaces ne se modifient pas avec le climat, la culture du sol et d’autres circonstances. Car précisément, lorsqu’on part d’un état de variabilité et qu’on laisse la lutte pour l’existence se produire durant de longs espaces de temps, il faut nécessairement que les formes qui vont le mieux au but restent maîtresses du champ de bataille et, il est vrai, non-seulement les formes en soi qui vont le mieux au but, mais encore le groupe, allant le mieux au but, des espèces qui, dans leur concurrence, déploient, pour ainsi dire, le maximum de vitalité. Chez les animaux, par exemple, l’appétit et la force du lion se mettront ainsi en équilibre avec la vélocité des gazelles, les deux espèces se mettant également en équilibre avec tous les autres concurrents dans la lutte pour l’existence. Cette corrélation s’accorde avec « le principe de la variabilité décroissante », posé par Fechner ; mais, telle que nous la comprenons, elle est une simple déduction des principes de la théorie de ta descendance et de la lutte pour l’existence, tandis que Fechner essaye de développer a priori un principe cosmique de ce genre, conçu dans le sens le plus universel possible (66).

On n’a pas toujours assez eu devant les yeux les conséquences de cette observation si naturelle, sans quoi l’on ne se serait pas tant préoccupe, par exemple, des formes de transition qu’exige la théorie de la descendance. Nous pouvons regarder l’influence de l’homme comme une modification des conditions naturelles, laquelle rend possible l’existence de certaines formes, qui, dans la nature libre, en face des formes plus anciennes éprouvées par la lutte pour l’existence, ne tarderaient sans doute pas à disparaître. Or nous voyons l’homme, par exemple, pour les chiens et tes pigeons, obtenir, en un petit nombre de générations successives, de nouvelles formes qui, tant qu’on tes maintient dans les mêmes conditions protectrices, doivent acquérir très-vite la pureté et te caractère exclusif d’une espèce dis-