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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/320

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mons en mains de dieux ; ce sont les manifestations vitales d’êtres imaginaires que nous faisons intervenir dans le cours des choses, d’après l’analogie des actes humains, et non des mouvements de cerveaux humains. Le croyant voit dans la série des événements « la main de Dieu » et non un mouvement moléculaire dans le cerveau de l’âme de l’univers. Les peuples à l’état de nature se figurent présents partout des êtres fantastiques à formes humaines, bien que surhumaines. De ces représentations, et non de la théorie du cerveau, sont nées en général les idées de causes immatérielles ; bref, toute l’hypothèse d’un «monde spirituel », pour les effets que nous observons, n’est qu’une conception dérivée de ces créations diverses de la foi et de la superstition. La science ne connaît pas ce « domaine spirituel » et ne peut, par conséquent, lui emprunter de causes. Ce qu’elle ne peut expliquer naturellement, d’après les principes de la conception mécanique du monde, elle ne l’explique pas du tout. Le problème reste pour le moment sans solution. Mais la foi du charbonnier et la fausse philosophie se sont toujours accordées à expliquer l’inexplicable par des mots, derrière lesquels se cache, plus ou moins grossièrement dissimulé, le domaine des fantômes, c’est-à-dire le reflet fantastique de notre ignorance.

Or sur ces principes repose aussi la possibilité d’un calcul des probabilités très-intéressant. Il faut, pour l’établir, un raisonnement disjonctif en forme. Si par « causes spirituelles » on se représentait quelque chose de net, par exemple les actes d’un être divin, à formes humaines ou anthropomorphes, la disjonction ne serait pas sûre. Il se pourrait très-bien qu’il existât des causes d’une troisième espèce, comme, par exemple, la magie, l’influence des génies sidéraux, le spiritisme, etc., toutes choses qu’à ce point de vue on discuterait très-sérieusement. Mais, pour peu que l’on entende par « spirituel » tout ce qui pour le moment ne peut se démontrer matériellement, la disjonction est complète.