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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/335

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D’après toutes les probabilités, ce n’est pas sur le sol de l’Europe actuelle que nous devons chercher les formes de transition ; car l’homme ne paraît être venu en Europe, comme immigrant, qu’après son entier développement organique. « La grande lacune, dit Darwin, qui existe dans la progression organique entre l’homme et ses plus proches parents, lacune qui ne peut être comblée par aucune espèce éteinte ou vivante, a été souvent présentée comme une grave objection contre l’hypothèse que l’homme serait issu d’une forme inférieure ; mais à ceux qui, convaincus par des raisons générales, croient au principe universel de l’évolution, cette objection ne paraîtra pas d’un poids considérable. De pareilles lacunes apparaissent sans cesse sur tous les points de la série ; quelques-unes sont grandes, nettement tranchées et déterminées, quelques-unes moindres à différents degrés d’après ces rapports, comme par exemple entre l’orang-outang et ses plus proches parents, — entre le tarsier et les autres lémurides, — entre l’éléphant, et d’une manière encore plus frappante, entre l’ornithorynque ou l’échidné et les autres mammifères. Mais toutes ces lacunes dépendent simplement du nombre des formes voisines qui sont éteintes. Dans un avenir qui n’est séparé de nous que par quelques siècles, les races civilisées de l’humanité auront, c’est presque certain, exterminé et remplacé sur toute la terre les races sauvages. Comme l’a fait remarquer le professeur Schaafhausen, vers la même époque les singes anthropomorphes auront été sans doute pareillement exterminés. La lacune alors sera élargie, car elle séparera l’homme arrivé, comme nous pouvons l’espérer, à un plus haut degré de culture que le Caucasien, d’avec le babouin placé si bas dans la série des singes, tandis qu’aujourd’hui la lacune se trouve entre le nègre ou l’Australien et le gorille » (8).

En revanche, on est arrivé, dans ces dernières années, à de nombreux aperçus sur l’état de culture des habitants primitifs de l’Europe ; il paraît même que l’on a trouvé un