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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/339

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fit enterrer au cimetière dix-sept squelettes d’âges et de sexes différents ; et depuis, vraisemblablement par fanatisme, on a prétendu ne plus savoir en quel endroit ces ossements avaient été inhumés. Est-il admissible qu’au bout de huit années, toutes les personnes employées à cette opération, ainsi que les spectateurs, ne reconnussent plus cette place ? Peut-être un jour se la rappellera-t-on mieux. Pour le moment, on se contente d’affirmer que tous ces squelettes étaient de fort petite taille (12). Le squelette de Neanderthal est de moyenne stature, mais décèle une structure musculaire extraordinairement puissante. Le crâne de Neanderthal est, de tous ceux que nous connaissons, celui qui ressemble le plus au crâne du singe. Par contre, nous avons de la caverne d’Engis près de Liége un crâne dont la structure est fort belle et n’annonce nullement une race inférieure. Enfin les squelettes de Cro-Magnon présentent des crânes bien développés mais la conformation du visage est défavorable et les dimensions des mâchoires dénotent de la brutalité ; la structure du squelette indique non-seulement un développement très-accentué de la forte musculaire, mais encore plusieurs traits qui rappellent le singe (13).

Nous en concluons qu’il ne peut être question d’une race d’hommes unique de l’époque diluvienne ; de plus, que non-seulement un développement considérable du cerveau remonte aux temps les plus anciens dont nous ayons connaissance, mais encore peut très-bien se concilier avec un état de grossière rudesse et de sauvage énergie. Nous n’examinerons pas pour le moment si le crâne de Neanderthal est une anomalie pathologique ou s’il doit être considéré comme le type d’une race très-inférieure. Nous devrons en tout cas admettre que, dès cette époque primitive, l’Europe était habitée non par une seule race, mais par plusieurs races humaines différentes. Aucune de ces races ne se trouvait, même dans les temps les plus anciens dont il nous reste des traces, dans un état de beaucoup