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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/345

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cédés industriels, tandis que notre époque transmet aussi des méthodes, au moyen desquelles sont obtenues des séries entières d’inventions et de découvertes, on comprendra aisément la cause de l’accroissement rapide de la culture actuelle, sans pour cela être forcé de voir, dans le temps présent, un élan subit de l’humanité vers une existence supérieure matérielle et intellectuelle. Bien plus, de même que l’individu n’arrive souvent à ses créations intellectuelles les plus importantes qu’a un âge où les forces du cerveau commencent déjà à décliner, de même, comme cela est concevable en soi, notre élan actuel ne suppose nullement cette énergie élastique et juvénile de l’humanité, que nous admettons si volontiers. Nous sommes loin de poser, sous ce rapport, une théorie positive quelconque, dont nul ne pourrait fournir les preuves. Nous ne pouvons quitter la thèse du développement de l’humanité sans montrer du moins combien peu est fondé objectivement le dogme du progrès continu de l’humanité. La courte durée de l’histoire n’offre, il est vrai, pas encore assez de cas pour admettre une conclusion, même probable, de l’expérience, bien moins encore une « loi » ; or l’histoire nous a déjà montré plus d’une fois que le développement extérieur d’une nation peut accompagner son dépérissement intérieur, et la propension de la multitude comme de la « classe éclairée » à ne se préoccuper que de leur bien-être matériel et à se soumettre au despotisme a été, dans l’antiquité, et peut-être aussi chez différents peuples cultivés de l’Orient, le symptôme d’un pareil dépérissement intérieur. Nous venons d’indiquer la place théorique d’une question que, dans la dernière partie, nous examinerons sous un point de vue tout différent.

De même que la question de l’âge du genre humain n’occupe, au fond, le matérialisme que parce qu’il est l’adversaire le plus déclaré et le plus palpable des conceptions obscures de la théologie, tandis que cette question n’a guère de rapport interne avec le véritable matérialisme, de même