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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/350

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lait, pour arriver à la possibilité d’une vie semblable, posséder des qualités toutes différentes.

Le premier pas rendant possible la culture de l’homme a dû êtue la supériorité acquise sur tous les autres animaux, et il n’est pas probable qu’il ait employé à cet effet des moyens bien différents de ceux qu’il emploie encore aujourd’hui pour arriver à maîtriser ses semblables. L’astuce et la cruauté, la violence brutale et la dissimulation qui guette, doivent avoir joué un rôle important dans les luttes de ces temps-là ; on peut même regarder le fait que l’homme, encore aujourd’hui, où il pourrait si bien réussir par le seul exercice de sa raison, retombe toujours dans les excès du brigand et de l’oppresseur comme une conséquence probable de la lutte qu’il a soutenue pendant des milliers données contre les lions et les ours, peut-être, à des époques antérieures, contre des singes anthropoïdes. Il n’est nullement inadmissible que des vertus incontestables se développèrent simultanément à côté de l’intelligence dans le cercle de la vie de tribu et de famille. Que l’on songe seulement à l’abîme énorme qui existait encore dans l’antiquité civilisée entre la vie intérieure des États et des villes et leur conduite souvent atrocement barbare envers des ennemis vaincus !

Ainsi, même pour des motifs psychologiques, on ne peut rejeter la parenté originelle de l’homme avec le singe, à moins toutefois que l’on ne considère l’orang-outang et le chimpanzé comme des animaux beaucoup trop doux et trop pacifiques pour que des êtres de cette espèce aient pu donner naissance à ces troglodytes qui triomphaient du lion gigantesque des anciens temps et qui, après lui avoir brisé le crâne, humaient avidement sa cervelle fumante.