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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/354

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tance élémentaire qu’on leur attribue. À la suite des observations les plus diverses, il admit une série d’organes élémentaires du cerveau, dont le développement prépondérant devait donner à l’individu certaines qualités durables et dont l’activité totale devait déterminer tout le caractère de l’homme. Voici comment Gall faisait ses découvertes et établissait ses preuves il cherchait quelques exemples tout à fait remarquables de particularités déterminées, telles qu’elles se rencontrent souvent chez les criminels, les aliénés, les hommes de génie ou les originaux excentriques. Il cherchait sur le crâne de chacun de ces individus une protubérance particulière. Quand il la trouvait, il regardait l’organe comme provisoirement découvert, puis il faisait appel à l’« expérience », à l’anatomie comparée, à la psychologie animale et à d’autres sources pour confirmer sa découverte. Maints organes furent aussi simplement constatés d’après des observations faites dans le monde animal et étudiés ensuite chez l’homme. Quant à une méthode scientifique plus rigoureuse, il n’y en a pas la moindre trace chez Gall, circonstance qui ne fut pas défavorable à la propagation de son système. Pour des recherches de ce genre, chacun a du talent et de l’habileté ; les résultats en sont presque toujours intéressants, et l’« expérience » confirme régulièrement les doctrines fondées sur ces théories. C’est la même expérience qui confirmait aussi l’astrologie, la même qui confirme encore aujourd’hui l’efficacité et la réussite de la plupart des recettes médicales (sans compter les homœapathiques !), et qui met si bien en relief tous les jours par des miracles surprenants l’assistance visible des saints et des dieux. La phrénologie n’est donc pas en mauvaise compagnie elle n’est pas un retour grossier à un état fabuleux d’imagination maladive ; elle est un fruit du terrain où germent en commun les prétendues connaissances qui forment encore aujourd’hui la grande masse du savoir dont se glorifient d’ordinaire les jurisconsultes, les médecins, les théo-