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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/391

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des fonctions intellectuelles dans des centres déterminés de l’écorce du cerveau. » Nothnagel a parfaitement raison de dire que ses expériences sont contraires à cette stricte localisation ; elles le seraient même si le rétablissement des fonctions pouvait s’expliquer par l’intervention du deuxième hémisphère. Car alors aussi, après ce processus de rétablissement, l’impulsion volontaire part d’un autre point qu’auparavant. Mais l’impulsion volontaire, même celle qui porte à mouvoir un membre déterminé, n’est jamais qu’un nom pour une somme de fonctions, laquelle conduit à un résultat extérieur déterminé. Les fonctions élémentaires des cellules isolées et des filets conducteurs peuvent être, en cela, strictement localisées, et cependant il est possible de se figurer que, dans des circonstances particulières, le même résultat soit semblablement atteint par une autre voie. Or, dès que nous revoyons le même résultat, nous disons, d’après tes’idées psychologiques ordinaires l’impulsion volontaire est rétablie. Mais ce qui avait été détruit n’a pas été rétabli ; c’est tout simplement le même produit qui a été créé par d’autres facteurs.

Il est de toute importance d’être clair sur ce point ; car il est très-probable que les substitutions les plus diverses de cette espèce n’ont lieu que dans les plus hautes fonctions intellectuelles de l’homme. Celui, par exemple, qui est plus habitué à penser par les idées (Begriffen) que par les intuitions (Anschauungen), celui-là verra probablement sa pensée entravée au début par un accès d’aphasie jusqu’au moment où il parviendra à passer du principe à la conclusion par la simple intuition et à atteindre de la sorte le but auquel il n’arrivait auparavant qu’à l’aide du « langage muet ». Il est très-probable que la participation des différentes régions du cerveau à l’activité de la pensée diffère déjà beaucoup chez des hommes à l’état de santé, alors que le résultat, la pensée, reste le même.

Tandis que Nothnagel concluait de ses expériences que