Aller au contenu

Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La psychologie conforme à la science de la nature est gâtée, falsifiée ; mais le salut et le maintien de l’idéal, que l’on croit menacé par le matérialisme, sont négligés, parce qu’on se figure avoir fait merveille en apportant une nouvelle lueur de démonstration en faveur de l’antique mythe de l’âme.

« Mais le mot psychologie ne signifie-t-il pas théorie de l’âme ? Comment, donc imaginer une science de laquelle on ne peut dire si elle a un objet ou non ? » Eh bien, voilà de nouveau un joli échantillon de la confusion du nom avec la chose Nous avons un nom traditionnel pour un groupe considérable, mais vaguement délimité. Ce nom provient d’une époque où l’on ne connaissait pas encore les exigences actuelles d’une science rigoureuse. Doit-on le rejeter parce que l’objet de la science a changé ? Ce serait un pédantisme peu pratique. Admettons donc hardiment une psychologie sans âme ! Le nom peut encore servir, tant qu’ici il y aura à faire quelque chose dont une autre science ne se chargera pas complètement (42). Il est vrai que, du côté de la physiologie, les limites sont difficiles à tracer ; mais il n’y pas grand mal à cela. Quand les mêmes découvertes sont faites par deux voies différentes, elles n’en ont que plus de valeur. Cependant on n’a l’intuition exacte de ces relations qu’en demandant comment procède la psychologie, car alors notamment la fameuse théorie de l’étude de soi-même est soumise au jugement de la critique.

Quant à « l’étude de soi-même, dit Kant, c’est une comparaison méthodique des observations faites sur nous-mêmes, qui fournit à l’observateur la matière d’un journal autobiographique et peut aisément aboutir aux hallucinations et à la folie ». Il conseille à chacun « de ne pas s’occuper du tout de l’examen et, pour ainsi dire, de la rédaction étudiée, de l’histoire intime du cours involontaire de ses pensées et de ses sentiments, parce que c’est le droit chemin qui conduit à la confusion de l’esprit, et par l’influence de prétendues