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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/460

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sont des formes d’excitation particulières des organes de nos sens, produites par des faits du monde extérieur corrélatifs, mais très-différents sous le rapport qualitatif. Nous serions entraîné trop loin si nous voulions rappeler ici les faits innombrables qui confirment cette théorie ; faisons seulement ressortir un petit nombre de détails qui projettent leur lumière plus loin que la grande masse des observations physiques et physiologiques.

Remarquons d’abord que la fonction essentielle des appareils des sens, notamment de l’œil et de l’oreille, consiste en ce que du chaos des vibrations et mouvements de toute espèce, qui remplissent, comme nous sommes forcés de nous le figurer, les milieux ambiants, certaines formes d’un mouvement renouvelé d’après des relations numériques déterminées sont mises en relief, renforcées relativement et amenées ainsi à notre perception, tandis que toutes les autres formes de mouvement passent, sans faire la moindre impression sur nos sens. Il faut donc déclarer tout d’abord que la couleur, le son, etc., constituent des phénomènes du sujet, et que, de plus, les mouvements déterminants du monde extérieur ne jouent absolument pas le rôle qu’ils doivent jouer pour nous par l’effet de leur action sur nos sens.

Le son d’une acuité imperceptible et la vibration de l’air, que notre oreille ne peut plus saisir, ne sont pas, dans l’objet, séparés par un abîme aussi profond que celui qui existe entre l’audibilité et l’inaudibilité (Hörbarkeit und Unhörbarkeit). Les rayons ultra-violets n’ont pour nous qu’une importance presque imperceptible ; et tous les nombreux phénomènes de la matière, dont nous n’obtenons qu’une connaissance indirecte, tels que l’électricité, le magnétisme, la pesanteur, les tensions de l’affinité, de la cohésion, etc., exercent leur influence sur l’état de la matière aussi bien que les vibrations directement perceptibles. Si l’on conçoit des atomes, ils ne peuvent assurément ni briller, ni résonner, etc. mais, par le fait, ils n’ont pas même les formes de