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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/468

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objectivement et constitue le fondement de tous les autres phénomènes, quelle que soit la différence entre ces phénomènes et les formes réelles des choses. Sans l’objectivité du temps et de l’espace, on ne saurait imaginer quelque chose de semblable à notre matière et au mouvement, La dernière ressource du matérialisme consiste donc à soutenir que l’arrangement dans le temps et l’espace appartient aux choses en soi.

Si nous faisons abstraction de la preuve morale de la réalité du monde des phénomènes, telle que nous la trouvons chez Czolbe, nous constatons qu’aucun de nos matérialistes n’a essayé de donner cette démonstration ; par contre, nous trouvons un essai digne d’être remarqué, mais d’après nous, peu solide, dans la Logique d’Ueberweg, §§ 38-44. Ueberweg conteste avec raison la manière dont Kant distinguait le temps et l’espace, en tant que formes de la perception, d’avec la matière de cette même perception. Il prend ensuite pour point de départ la thèse que la perception interne peut concevoir, avec une vérité matérielle, ses objets tels qu’ils sont en soi. Avec une clarté exemplaire, il constate la différence qui existe entre l’essence de la sensation et l’essence des choses, qui provoquent cette sensation. Ueberweg croit que nous ne pouvons constater exactement telle qu’elle est que l’essence des images psychiques dans notre propre conscience. Or comme notre expérience interne se développe avec le temps, il regarde la réalité du temps comme démontrée. Mais l’ordre chronologique présuppose les lois de la mathématique, et celles-ci présupposent l’espace avec ses trois dimensions ; ainsi se termine la démonstration.

Abstraction faite de ce que la thèse fondamentale, du moins relativement à la reproduction, soulève des objections fondées, je crois voir une erreur bien caractérisée en ce que la réalité du temps en nous est transportée à la réalité du temps hors de nous. Non-seulement le temps, mais encore l’espace ont de la réalité en nous, sans qu’il soit né-