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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/491

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quence nécessaire du dogme que la somme de tous les intérêts est le mieux sauvegardée quand chaque individu veille a ses propres intérêts. Une fois que ce dogme est assez profondément enraciné pour pouvoir triompher des considérations opposées, on ne doit plus s’étonner si le mot de « nation » devient une simple expression grammaticale et si l’on refuse ici (Cooper, 1826), de faire protéger le commerce maritime par des vaisseaux de guerre, tandis que ta on ne voit dans les sanglantes conquêtes d’un aventurier qu’un travail d’une difficulté spéciale et par conséquent très-lucratif (Max Wirth) (6). Les deux idées coulent d’une même source de la conception, purement atomistique, de la société, d’où l’on a éliminé tous les mobiles communément appelés moraux, mobiles qui ne peuvent être réintégrés que par une inconséquence.

Nous avons déjà vu que la conception, purement atomistique, de la société présente de grands avantages en ce qu’elle nous aide à nous rapprocher peu à peu de la vérité, tandis qu’elle est fausse comme dogme ; ici nous devons encore constater que la théorie de l’égoïsme et de l’harmonie naturelle de tous les intérêts a, dans son application pratique, fait faire de grands progrès à la civilisation. On ne peut nier que l’égoïsme parfaitement entendu soit un principe d’ordre, dans la société, aussi bien que tant d’autres principes qui ont été en vogue, et, pour certaines époques de transition, c’est peut-être le plus salutaire, sans qu’il faille lui attribuer pour cela une importance supérieure. Le système du libre échange a donné un élan prodigieux à la production chez les peuples civilisés. La spéculation, qui suivit la marche des intérêts, a tellement contribué à doter l’Europe de voies de communication, à régulariser le commerce, à rendre les transactions plus solides et plus réelles, à abaisser le taux de l’intérêt, à augmenter le crédit et à le consolider, à restreindre l’usure, à rendre la tromperie plus rare qu’un prince, un ministre, un philosophe, un phi-