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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/529

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l’imparfait ou le parfait ; d’y porter mon idée du beau et de l’en retirer mille fois plus grande, ou bien de rencontrer partout les traces de la putréfaction, du dépérissement, de la guerre d’extermination. Si ensuite je considère la succession de la vie et de la mort, de la plénitude de l’existence et du décès prématuré, je me retrouve à l’origine du culte de Bacchus et, à la suite d’un regard jeté sur le contraste entre l’idéal suprême et toute chose vivante, je tombe en plein dans le besoin d’une rédemption.

Cette énonciation n’a pas pour but de montrer que l’édification est absolument condamnable dans le sens des communautés libres, mais seulement qu’elle ne peut revendiquer le privilège d’une vérité absolue en face des autres formes d’édification. Il s’agit du plus ou du moins de vérité et de poésie, et par le fait même que les fondateurs des communautés libres ne veulent pas reconnaître cela, leur conception religieuse devient, sous le rapport intellectuel, inférieure à celles de Kant et de Fichte ; mais elle acquiert en même temps par là une teinte de naïveté que, l’on ne retrouve guère que dans l’orthodoxie.

On a, il est vrai, fait observer, au nom de la philosophie, qu’il faut précisément choisir, dans la connaissance progressive, pour fondement de la religion de l’avenir, un point tel que nous pourrions réellement, comme le font les communautés libres, croire encore de bonne foi, un point où disparaîtrait complètement pour nous la différence entre le résultat de la pensée critique et du sentiment religieux, sauf à voir revenir cette différence dans des temps ultérieurs. Mais n’est-ce pas là étayer la foi religieuse sur une foi métaphysique ? Or, si cette dernière ne peut exister que par la fiction poétique, pourquoi la religion, elle aussi, n’existerait-elle pas directement par la fiction poétique, sans avoir besoin de l’intermédiaire de la métaphysique ? Mais si la spéculation peut contribuer à ne pas laisser trop accentuer les idées religieuses de l’avenir par le penchant subjectif de