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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/571

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nous maintenant de ses idées en éthique et en politique.

Ici se présente à nous un tableau tout différent. Strauss n’opère sur le terrain des études scientifiques et des méditations profondes qu’au tant qu’il s’agit de donner un fondement naturaliste aux principes généraux de la morale, et même ici, c’est à peine s’il démontre rigoureusement un principe déterminé ; mais, dès qu’il arrive sur le terrain des institutions politiques et sociales, nous voyons prédominer ses impressions subjectives et ses conceptions peu profondes et peu solides.

Strauss commence très-logiquement par déduire les premières vertus fondamentales de la sociabilité et des besoins d’une vie sociale régulière ; puis il y ajoute le principe de la sympathie. Mais il ne croit pas avoir encore suffisamment éclairé le domaine de la morale, et il saute des principes naturalistes à un principe idéaliste : dans ses actes moraux, l’homme se dirige d’après l’idée de genre. Strauss n’examine pas comment l’homme arrive à l’idée de son genre, puis à la représentation de la « destination » de l’humanité ; les dissertations qui suivent tendent plutôt à expliquer objectivement ce qu’est l’homme et où il trouve sa destination. De là sont ensuite déduits les devoirs.

Il ne vaut pas la peine de suivre ces déductions en détail mais les résultats ont bien leur intérêt. Strauss se montre partout encore plus conservateur qu’Ueberweg, et tandis que ce dernier prouve du moins qu’il comprend les opinions divergentes, Strauss, sur tout ce terrain, est aussi tranchant et dogmatique que myope et superficiel. Il faut toute l’étroitesse de vues des anciens prud’hommes (Philister) allemands pour expliquer jusqu’à un certain point comment un homme d’une telle sagacité a pu rester embourbé dans ces idées.

C’est surtout contre le socialisme que Strauss se déchaîne avec énergie, et cela s’accorde, chez lui comme chez Ueberweg, intimement avec la haute estime qu’il professe pour l’industrialisme moderne et avec la sévère condamnation