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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/617

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la définition de Sigwart, l’essence de l’assertion de Kant subsiste ; seulement elle n’a dès lors plus trait au jugement, mais à l’acte psychique de la synthèse dans la perception, acte rendant le jugement possible.

18 [page 33]. Voir Tylor, la Civilisation primitive, trad. sur la 2e éd. anglaise par madame Pauline Brunet et Ed. Barbier, 2 vol. in-8o, Paris, C. Reinwald 1877. Il y est dit que les hommes comptaient sur leurs doigts avant d’avoir des termes pour exprimer les nombres. Ainsi une tribu indienne des bords de l’Orénoque exprime cinq par « une main entière » ; 6 par « prends un doigt de l’autre main » ; 10 par « deux mains » ; puis viennent les doigts de pieds, de sorte qu’ « un pied entier » signifie 15, « un doigt de l’autre pied » 16 ; « un Indien » 20, « un doigt d’une main d’un autre Indien » 21, etc. — Dans une traduction de la Bible faite en un idiome mélanésien, le nombre 38 (Évangile saint Jean 5, 5) est rendu par : « un homme et deux côtés, 5 et 3 ». Une construction étrange de la langue des Zoulous nous montre combien les signes et termes ainsi créés se fondent dans la représentation des objets comptés. Chez les Zoulous, l’ « index » (de la deuxième main, où l’on commence à compter par le pouce), signifie 7. Ainsi, p. ex., la proposition : « il y avait 7 chevaux » est exprimée par : « les chevaux ont montré avec l’index. » Lorsqu’on imagina plus tard des termes de numération, sans recourir aux doigts, on représenta les nombres par les propriétés des objets, dont on emprunta les noms ; ainsi la « terre » ou la « lune », qui toutes deux sont uniques, signifièrent chacune 1 ; les « yeux », les « bras », les « ailes », 2, etc. Les Lettes ont une façon de compter remarquable chez eux, le mot mettens (jet) signifie 3, parce qu’ils ont l’habitude de jeter 3 par 3 les crabes et les petits poissons dont ils veulent faire la somme ; quant au mot kahli (corde), il signifie 30 parce qu’ils rangent les fléteaux par trentaines » Tome 1er, ch. VII, p. 288, 295).

[Sur la formation des noms de nombre, voir en outre les Origines indo-européennes ou les Aryas primitifs, par Adolphe Pictet, 2e édition, t. III, p. 304 et suiv. Paris, Fischbacher, 1878, et les Origines de la civilisation, par sir John Lubbock, trad. de l’anglais par Éd. Barbier, p. 428 et suiv. Paris, Germer Baillière, 1873. [Note du trad.]

19 [page 32]. Voir Mill, System of Logic, book II, c. VI, § 2 and book III, c. XXIV, § 5 ; trad. fr. par L. Peisse, Paris, Germer-Baillière. [n. d. t.]

20 [page 32]. Il faut encore mentionner ici la tendance des mathématiciens, qui prétendent s’affranchir complètement des « entraves de l’intuition » et instituer une mathématique prétendue purement intellectuelle, débarrassée de l’intuition. Tant que ces tendances ne sortiront pas du cercle des mathématiciens de profession et que ceux-ci renonceront à discuter en principe les questions philosophiques, on ne